A. − Temps situé dans une époque révolue, temps passé (v. passé, -ée II A 1). Anton. présent, futur.À tout mouvement dans le futur, on peut (...) faire correspondre un mouvement dans le passé, et réciproquement (Painlevé, Résist. fluides non visqueux, 1930, p.145).Je déteste me souvenir, en général. Et ça ne m'arrive pas: ma vie n'est pas dans le passé, elle est devant moi (Malraux, Cond. hum., 1933, p.289).V.
actuel ex. 14 et 15,
avenir2ex. 1, 2 et 3,
barioler ex. 3,
dépassé ex. 2,
force ex. 4,
héritage ex. 4:
1. Après 1824, quand je repris la plume dans des brochures et dans le Journal des Débats, les positions étaient changées. Que m'importaient pourtant ces futiles misères, à moi qui n'ai jamais cru au temps où je vivais, à moi qui appartenais au passé...
Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.30.
SYNT. Passé immédiat, proche, récent; passé éloigné, lointain, reculé, immémorial; document, épisode, époque, étape, événement, fait, legs du passé; hommes, artistes, maîtres du passé; arts, chefs-d'oeuvre, oeuvres, styles du passé; coutumes, figures, formes, mystères, mythes, personnages, réalités, scènes, traditions, valeurs du passé; beautés, splendeurs du passé; abus, catastrophes, déceptions, drames, erreurs, faillites, illusions, luttes, superstitions du passé; remonter dans le passé.
−
Loc. adv. ♦ Par le passé. Autrefois, jadis (gén. dans une prop. compar.). Sa vie continua comme par le passé. Rien n'était changé, sauf que son fils Césaire dormait au cimetière (Maupass., Contes et nouv., t.1, Père Amable, 1886, p.228).Personne ne s'aperçut de ce changement. Davis devint peut-être un peu plus inaccessible que par le passé, mais il l'était déjà tellement! (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p.99).V. avenir2ex. 4.
♦ Dans le passé. Même sens. Au XIIIesiècle de notre ère, les alchimistes chinois finirent par parler, plus ouvertement que dans le passé, de techniques ascétiques ou contemplatives (Caron, Hutin, Alchimistes, 1959, p.110).Aujourd'hui, le réseau des communications matérielles et intellectuelles est planétaire mieux qu'il ne le fut jamais dans le passé (Perroux, Écon. XXes., 1964, p.276).
−
Loc. (exprimant l'irréversibilité du passé). C'est du passé, le passé est passé (v. aussi passé, -ée II A 1). Le passé est passé, ce qui est mort est mort. Laissons l'irréparable dormir dans son néant et les morts ensevelir leurs morts (Amiel, Journal, 1866, p.214).Les partis politiques en France, l'économie du don, les pétroles de l'Iran, les problèmes actuels de l'U.R.S.S., tout ça c'était déjà du passé (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.229):2. Lapicque écrit (cité par Lescure, p.132): «(...) Il ne peut être un instant question de refaire exactement un spectacle qui est déjà du passé. Mais il me faut le revivre entièrement, d'une manière nouvelle et picturale cette fois, et ce faisant, me donner la possibilité d'un nouveau choc».
Bachelard, Poét. espace, 1957, p.15.
B. − GRAMM. Temps situant le procès dans une époque révolue par rapport au moment de la parole ou par rapport à un moment pris comme repère. L'épreuve que vous traversez doit être des plus graves, des plus angoissantes.... −Elle l'était, monsieur. On peut maintenant parler d'elle au passé (Bernanos, Crime, 1935, p.854).Le parler populaire contamina un moment la langue classique; peut-être contribua-t-il à la décadence du passé simple et de l'imparfait du subjonctif, dont les orateurs des assemblées usaient pourtant couramment (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.595).En français, l'indicatif comporte six temps du passé, l'imparfait, le passé simple, le passé composé, le plus-que-parfait, le passé antérieur et le futur antérieur (Dagn.1965, p.163).V.
instantanéiser rem. 1,
s.v. instantané ex. de Proust et
passé, -ée ex. 4:
3. −En tant que magistrat, (...) j'en ai connu qui ne se prêtaient à leur mari qu'à contre coeur, qu'à contresens... Et qui pourtant s'indignent lorsque le malheureux rebuté va chercher ailleurs sa provende. Le magistrat avait commencé sa phrase au passé; le mari l'achevait au présent, dans un indéniable rétablissement personnel.
Gide, Faux-monn., 1925, p.1115.
1. Passé simple ou défini (v. défini II C 2). Temps simple de l'indicatif exprimant un fait achevé qui s'est produit à un moment déterminé du passé, sans idée de durée: je l'entendis gémir, je vins aussitôt; c'est le temps du récit (dans la langue écrite), il présente les faits successivement: il se leva, enfila son manteau, s'engouffra dans sa voiture. −
Il peut exprimer d'autres valeurs ♦ Il peut exprimer un fait qui dure, mais dont les limites sont précisées par un compl. de temps: jour et nuit il marcha, il ne s'arrêta que lorsqu'il eut passé la frontière.
♦ Il peut exprimer une action répétitive: 20 fois je lui répétai la même chose; il refusa 20 fois de m'entendre.
2. Passé composé ou indéfini (v. composé II A e, indéfini I B 2 a). Temps du passé de l'indicatif actif formé du présent de l'indicatif de l'auxiliaire et du participe passé du verbe conjugué, exprimant essentiellement une action passée, entièrement accomplie, mais dont la date n'est pas précisée: j'ai fait ce que j'ai pu. ♦ Il remplace souvent le passé simple, surtout dans la lang. fam. et parlée: dimanche, nous sommes allés au restaurant.
−
Il peut exprimer d'autres valeurs ♦ Il peut exprimer une antériorité (en sub.), par rapport à un prés.: dès qu'il a amassé un peu d'argent, il s'achète des disques.
♦ Il peut exprimer une action achevée, dont les effets durent encore: il a obtenu sa maîtrise ès lettres.
♦ Il peut exprimer une action souvent constatée, présentée comme une vérité générale: les guerres ont toujours existé.
♦ Il peut exprimer une action future proche, présentée comme déjà accomplie: tu m'attends, j'ai fini dans cinq minutes.
♦ Il peut exprimer une action future antérieure en sub. hypothétique avec verbe principal au fut.: si j'ai fini à temps, je viendrai.
3. Passé antérieur (v. antérieur I B 1). Temps du passé de l'indicatif actif formé du passé simple de l'auxiliaire et du participe passé du verbe conjugué, exprimant essentiellement une antériorité (en sub.) par rapport à une autre action passée dont le verbe est au passé simple: quand il eut fini de manger, il alla se coucher. − Il peut aussi s'employer en prop. indép. ou princ., exprimant alors une action passée, vite achevée et précisée par un adv. de temps: il eut bientôt fini.
4. Passés surcomposés. Formes verbales constituées d'une suite de deux auxiliaires avoir (ou d'un auxiliaire avoir et d'un auxiliaire être) et d'un participe passé, et exprimant l'aspect accompli et le temps passé par rapport à un passé de l'énoncé: quand j'ai eu fini mon travail, je suis parti; ayant été entendu qu'il viendrait, nous nous sommes inquiétés de son absence. − Employées en prop. indép., suivant un usage dial. propre aux parlers de l'Est, du Sud-Est et du Midi, ces formes évoquent un procès parvenu à son terme dans un passé lointain: je l'ai eu fait; il a eu coupé, ce couteau (voir Wagner-Pinchon 1962, p.334).