1. Donner son adhésion volontaire à : 23. Il marche, heureux et plein d'aurore,
De plain-pied avec l'élément;
Il croit, il accepte.
Il ignore Le doute, notre escarpement; ...
V. Hugo, Contemplations,t. 2, 1856, p. 320.
24. Quand il connut la douleur, il l'accepta comme un héros, puis il l'aima comme un martyr. Il prêcha, pratiqua le culte de la douleur.
M. Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1908-1909, p. 179.
25. ... en nous créant, en nous conservant l'être, il nous « lie » à lui, mais ces relations essentielles, que l'homme n'a pas établies et auxquelles il ne saurait échapper, les uns, ou les ignorent ou les maudissent, les autres, au contraire, les acceptent, les veulent, si j'ose dire, les sanctionnent, les ratifient, les acclament, en un mot ils y adhèrent de tout leur esprit et de tout leur cœur.
H. Bremond, Hist. littéraire du sentiment religieux en France,t. 3, 1921, p. 129.
26. Enfin, j'accepte cet amour. Avec respect. Avec gravité (...). Avec... Je ne trouve pas le mot; je voulais indiquer que son amour ne me déplaît pas, que je fais plus que l'accepter : je l'accueille.
H. de Montherlant, Pitié pour les femmes,1936, p. 1215.
27. C'est combattre qui importe, même si on est battu chaque fois; accepter, acquiescer, est affreux. Il faut qu'intérieurement quelque chose dise non, même si le corps dit oui.
J. Green, Journal,1946, p. 17.
28. À la première étape de sa dialectique, Hegel affirme que la mort étant le lieu commun de l'homme et de l'animal, c'est en l'acceptant et même en la voulant que le premier se distinguera du second.
A. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 175.
29. l'abbé. − J'accepte ce sacrifice. Mais qu'est-ce que cela prouve, qu'on accepte? le supérieur. − Peu de chose, en effet, si l'on n'accepte pas avec une totale adhésion.
H. de Montherlant, La Ville dont le prince est un enfant,1951, III, 7, p. 933.
30. ... toujours passer outre, toujours accepter, à la fin ça veut dire trahir. J'accepte l'absence et je trahis mon amour, j'accepte de survivre aux morts, je les oublie, je les trahis.
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 336.
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Faire accepter (une idée, etc.) : 31. Ce qui prouve (...) que les maîtres [artistes] apportent à leur génération des idées et des inclinations nouvelles, c'est que souvent ils ont grand'peine à les faire accepter
A. Rodin, L'Art,1924, p. 309.
2. Subir ce qui arrive, par abandon de la volonté ou résignation. Accepter qqc. :32. La paix est dans la volonté et non pas dans le sens. Elle consiste non à ne pas souffrir mais à accepter la souffrance et tout ce qu'il ne dépend pas de nous de nous donner ou de nous ôter.
Maine de Biran, Journal,1819, p. 253.
33. Prenez le temps où le genre humain courbé sous le plus dur talon, accepte, oublieux de tout, le destin des bêtes passives, choisissez le moment où, désespérant de lui-même, il abdique sans regret la dignité de son corps et de son âme pour se ruer aux dégradations des servitudes volontaires, et puis, dans l'effroyable crise d'avilissement qui fait aimer ses chaînes à l'esclavage, passez parmi ces hommes stupides de malheur, et faites retentir le grand cri : justice! justice! c'est assez. Tous ont frémi.
G. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 11.
34. Mais à présent! Il est vaincu dans sa vie, il ne se fait pas d'illusion, c'est un destin de défaite qui lui échoit, et qu'il lui faut « supporter et accepter... »
R. Rolland, Beethoven,Les Grandes époques créatrices, t. 1, 1903, p. 58.
35. Que pouvaient ces protestations de quelques hommes d'esprit indépendant, perdus dans l'énorme masse servile des gens qui subissent et acceptent tout?
M. Barrès, Mes cahiers,août-déc. 1913, p. 243.
36. Elle souffrait parce qu'il était bien qu'elle souffrît. Il n'y avait même plus à se révolter, à se débattre, à protester au secret de son cœur; il n'y avait qu'à accepter, qu'à subir, qu'à glisser tout le long de la pente fatale sur laquelle elle s'était elle-même engagée.
Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?,1934, p. 223.
37. La mère, résignée, ne se plaignait pas, acceptait avec docilité l'épreuve, parlait seulement, au milieu de son désastre, de l'unique chose dont elle gardait l'accablement : son Étienne qui était mort, ...
M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 454.
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Except. [Le compl. désigne une pers.] Tolérer, subir : 38. Et comme la vertu lui était, plus qu'à moi, naturelle, et qu'il n'y avait pas en elle de mauvais instincts à refréner (sinon, peut-être, je l'ai dit, celui de la curiosité d'esprit), je ne parvenais pas à la persuader du danger qu'il peut y avoir à s'abandonner à soi-même, à s'accepter simplement pour ce que l'on est, c'est-à-dire, somme toute, pour pas grand-chose.
A. Gide, Robert,1930, p. 1333.
39. Je commence à comprendre que nos amis, nous ne les avons pas choisis, et qu'il nous faut les accepter, les tolérer, les subir, comme les gens de notre famille, comme tous les fardeaux envoyés par le sort.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 214.
Rem. 1. L'emploi absolu est fréq. dans l'emploi C (ex. 23, 29, 36). Cf. encore :
40. Le Sauveur, au Jardin des Olives, ne fit que cela, ne pas vouloir et accepter. Dans cette acceptation, dans cette libre union de la volonté humaine à la volonté divine est l'acte le plus sublime d'une pauvre créature, ...
E. de Guérin, Journal,1839, p. 249.
41. Les mesures qui suivent disent les inutiles soupirs de l'âme vaincue, qui s'efforce péniblement de remonter, tendant ses bras enchaînés, sur lesquels à chaque fois, se fait sentir inflexiblement le poids des chaînes, jusqu'à ce que, reconnaissant son impuissance, elle s'effondre, avec des pleurs, par un long trait chromatique en triples croches, dans une phrase de résignation qui accepte.
R. Rolland, Beethoven,Les Grandes époques créatrices, t. 2, 1903, p. 444.
42. Je ne vois là qu'une accoutumance au mal, au péché. La sensibilité s'émousse; la pureté se ternit; les réactions se font moins vives; on tolère, on accepte.
A. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1064.
Rem. 2. Le verbe a, dans ce même emploi, une forte charge affective.