FRIPOUILLE, subst. fém.
A.− Nom coll., vieilli. Gens de rien ou considérés comme tels. Synon. canaille, racaille.Rabagas. − Et vous avez enfermé toute cette fripouille? Bricoli. − Au poste du palais! (Sardou, Rabagas,1872, IV, 1, p. 160).Je n'espère pas grand' chose de votre éditeur. Je connais trop l'ignorance de ces gens, leur bêtise prompte et surtout la fripouille ambiante consultée par eux (Bloy, Journal,1903, p. 185).
B.− Fam. Personne sans scrupules qui ne recule devant aucun moyen pour servir ses intérêts. (Quasi-) synon. canaille, crapule.Les uns exaltaient ses vertus humanitaires et sa haute sainteté d'apôtre, les autres le traitaient de vieille fripouille et de sale canaille (Mirbeau, Journal femme,1900, p. 234).Vous ne pouvez admettre qu'un avocat fasse une enquête dans les cafés et dise : Vous avez un sergent-major qui est une fripouille (Barrès, Cahiers,t. 5, 1906, p. 70):Quand on est une femme à diamants et qu'on a un mari qui traîne dans ses poches deux mille dollars pour ses cigarettes et ses taxis, pas étonnant qu'on vienne vous faire chanter et que les fripouilles rappliquent aussi vite que les mouches sur la viande puante. Et celui-là est une fripouille!
Camus, Requiem,1956, 2epart., 5etabl., p. 888.
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Spécialement ♦ [Pour qualifier un enfant] Petite fripouille. Garnement, vaurien. Mais on s'en fiche bien de sa vieille grand' mère, hein? petite fripouille! (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 767).
♦ [Empl. comme injure] « Vendu! Lâche! Fripouille! Sale Juif! » Cresteil (insolent). − « Messieurs, je suis à vos ordres. » (Martin du G., J. Barrois,1913, p. 429).
♦ Emploi qualificatif. Cette fripouille de + subst.Sa comtesse le fait cocu avec tout le monde, même avec cette fripouille de Fauchery (Zola, Nana,1880, p. 1293).
♦ Emploi adj. Le soir, visite du curé qui est fripouille (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1896, p. 266).
REM. Fripouillard, arde, adj.,synon. S'il [le boy] est fripouillard, nous ne le reverrons pas demain; sinon, c'est un homme gagné (Malraux, Voie roy.,1930, p. 79).Je vous amène mon vieux Corneille, général. Il a des côtés fripouillards, mais de l'entregent (L. Daudet,Clemenceau,1942,p. 75).Rob. Suppl. 1970 et Lar. Lang. fr. enregistrent l'emploi subst. masculin.
Prononc. : [fʀipuj]. Étymol. et Hist. 1. 1797 « bon à rien » (Kotzebue d'apr. Esn.); 2. 1837 « misérable » (Le Vocabulaire de Vidocq ds Sain. Sources t. 1 1925, p. 133); 1872 « vaurien » (Poulot, Sublime, p. 34 : L'association des mécaniciens [disait en 1851, un ouvrier] ne prospérera pas, pourquoi? parce qu'il y a trop de fripouille à côté de quelques bons ouvriers [Et le 2/12/1851] Voilà où nous a conduit la fripouille). Prob. dér. de fripe2*, suff. -ouille à valeur péj. Fréq. abs. littér. : 79. Bbg. Pauli 1921, p. 53. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 227; Sources t. 2 1972 [1925], p. 201, 225.