BRASSEUR, EUSE, subst.
A.− Celui, celle qui fabrique de la bière et la vend en gros. Brasseur de bière; patron des brasseurs; cheval, camion, voiture de brasseur : 1. Les brasseurs roulaient leurs tonneaux dans un faubourg lépreux envahi par les beuglements des vaches et les voix de mille cloches criant allégresse.
Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 326.
B.− Fig. (cf. brasser C
)1. Brasseur d'affaires : 2. Vous [Rysbergue] êtes un glorieux brasseur d'affaires, mais, nom d'un chien, ce n'est pas une sinécure, votre vie. Vous n'avez pas même le temps de profiter de votre luxe.
H. Bataille, Maman Colibri,1904, p. 6.
♦ Brasseur de millions. Il s'était révélé grand spéculateur, brasseur de millions (Zola, La Curée,1872, p. 415).
2. Littér. Brasseur de nuages : 3. Il [le poète] est le prophète d'un univers auquel l'expérience seule aborde. Or entre les brasseurs de rêves impuissants et les poètes voyants nous relevons les mêmes ambiguïtés et les mêmes différences essentielles qu'entre les mystiques d'asile et ceux qu'authentifie leur fécondité spirituelle.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 388.
PRONONC. : [bʀasœ:ʀ], fém. [-ø:z].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1250 brasseurs « celui qui fabrique de la bière » (Espinas, Vie urbaine à Douai, III, 148 dans Barb. Misc. 11, 12); 2. entre 1825 et 1856 « celui qui s'occupe de nombreuses affaires » (M. Alhoy dans Lar. 19e: nous parlons uniquement du brasseur, du tripoteur d'affaires).
Dér. de brasser1*; suff. -eur2*; dès 822, lat. bratsator, Statuts d'Adalard, Abbé de Corbie, 1. 2, chap. 15 dans Nierm., s.v. braciator. En ce qui concerne le sens 2, le Brasseur-roi de d'Arlincourt (1833), cité par Dauzat et Lar. Lang. fr., ne convient pas, brasseur y ayant le sens 1.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 94.
BBG. − Deghilage (G.). Brasserie et sa famille. Fr. mod. 1955, t. 23, p. 134. − Dubois (M.). Bière. Fr. mod. 1955, t. 23, pp. 133-134. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 15.