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Acte de l'esprit reconnaissant l'existence, la vérité d'un fait et s'exprimant par une proposition affirmative (cf. affirmatif) ou par une formule équivalente, de valeur positive : 37. Il faut donc, pour exprimer un jugement, énoncer les deux idées dont l'une contient l'autre, plus l'acte de l'esprit qui apperçoit ce rapport. C'est ce que l'on appelle le sujet, l'attribut, et le signe de l'affirmation qui les unit. Or, c'est ce qui constitue une proposition. (...). Pierre n'est pas grand. La pêche que je tiens est bonne. Voilà des propositions, des énoncés de jugemens. Dans le premier, l'idée Pierre et celle n'être pas grand, dans le second, l'idée la pêche que je tiens et celle être bonne, sont réunies par le signe d'affirmation, c'est-à-dire, par le signe qui marque que l'une est sentie comprise dans l'autre.
A.-L.-C. Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie, Grammaire, 1803, pp. 28-29.
38. Il a, comme tous les professeurs, deux ou trois mots ou tournures qui reviennent souvent. Il fait une grande consommation de « en quelque sorte », locution prudente, et dit volontiers : « n'en doutez pas », ce qui est peut-être la plus douce formule d'affirmation, puisqu'elle nous reconnaît implicitement le droit de douter.
J. Lemaître, Les Contemporains,1885, p. 199.
39. ... je vis, quoique grandement distants, juxtaposés par l'alignement de mon œil, la verdure d'un érable combler l'accord proposé par un pin. Les présentes pages commentent ce texte forestier, l'énonciation arborescente, par juin, d'un nouvel art poétique de l'univers, d'une nouvelle logique. L'ancienne avait le syllogisme pour organe, celle-ci a la métaphore, le mot nouveau, l'opération qui résulte de la seule existence conjointe et simultanée de deux choses différentes. La première a pour point de départ une affirmation générale et absolue, l'attribution, une fois pour toutes, au sujet, d'une qualité, d'un caractère. Sans précision de temps ou de lieux, le soleil brille, la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits. Elle crée, en les définissant, les individus abstraits, elle établit entre eux des séries invariables. Son procédé est une nomination. Tous ces termes une fois arrêtés, classés par genres et par espèces aux colonnes de son répertoire, par l'analyse un par un, elle les applique à tout sujet qui lui est proposé. Je compare cette logique à la première partie de la grammaire qui détermine la nature et la fonction des différents mots. La seconde logique en est comme la syntaxe qui enseigne l'art de les assembler, et celle-ci est pratiquée devant nos yeux par la nature même.
P. Claudel, Art poétique,1907, p. 143.
40. L'affirmation et la négation ne sont jamais pensées ni exprimées d'une façon entièrement objective; aussi un oui ou un non deviennent-ils expressifs dans la mesure où l'on met de l'importance à affirmer ou nier quelque chose (par exemple, au lieu de oui, selon les circonstances : Certes! Ma foi oui! Pour sûr! Mais oui!...).
Ch. Bally, Le Langage et la vie,1952, pp. 19-20.
41. Appartiennent à la catégorie des adverbes d'affirmation : assurément, aussi, certainement, bien, certes, oui, précisément, si, volontiers, vraiment, soit, etc. On joint à cette liste certaines locutions adverbiales comme : en vérité, sans doute, si fait, si vraiment, que si, d'accord, pour sûr, etc. (...). Oui, au commencement d'un membre de phrase, s'emploie sans opposition à non, pour marquer davantage l'affirmation. (...) Oui, c'est Agamemnon, c'est ton roi qui t'éveille (Rac., Iph., I, I). (...). Oui est parfois précédé ou suivi d'un adverbe qui augmente la force de l'affirmation : oui vraiment, vraiment oui, oui-da (familier), oui certes, mais oui, oui bien.
Grev.1964, §§ 867-868.
Rem. 1. (À propos de l'ex. 37). Le signe de l'affirmation est, dans la tradition gramm. anc. et class., le verbe. 2. Syntagmes adverbe d'affirmation (ex. 41); verbe d'affirmation : ,,Verbe qui exprime une déclaration (dire), une opinion (croire), une connaissance (savoir).`` (Lar. encyclop., Lar. 3).