1. [concr.] Envahissement, débordement, pénétration brutale de forces naturelles (eau, air p. ex.). Il peut servir à empêcher l'irruption trop violente de l'air dans l'oreille lorsque l'animal vole (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 519):4. À cette époque, il présenta à l'impératrice Marie-Louise et à toute sa cour le spectacle magnifique et sublime de l'irruption soudaine de l'océan, qui en prit possession par la simple rupture spontanée de l'immense batardeau qui en avait jusque-là contenu les efforts.
Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 255.
2. [abstr.] Au fig. Apparition brutale d'idées, de sentiments, chez une personne; pénétration inattendue d'un art, d'une discipline, d'une activité à l'intérieur d'une autre activité, d'une autre discipline. Ce mouvement est bien distinct d'un autre mouvement proprement spirituel introduit dans l'humanité depuis que les religions universalistes y ont fait leur irruption conquérante (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 95):5. Et stupéfaits, ils se turent, non que les mots les eussent effrayés, mais parce que, tout à coup, ils osaient s'examiner sans détour. Engin! plus de mystère! Une irruption de vérité, les masques qui s'abattent, l'abîme qui paraît...
Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 310.
Rem. On trouve dans des textes d'aut. du début du xixes. une confusion entre irruption qui désigne une entrée brusque et violente et éruption qui, elle, désigne une sortie tout aussi brusque et violente. Trois ministres se succédèrent rapidement, après cette première irruption du volcan américain (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 211). Et un torrent d'imprécations se déroula comme un ruisseau de laves brûlantes par une irruption du Vésuve (Balzac, Elixir, 1830, p. 394).