a) Espace naturel ou aménagé, généralement limité, que l'on emprunte pour passer d'un endroit à un autre, pour franchir un obstacle. Élargir un passage; barrer, boucher, embouteiller, fermer, obstruer un passage; défendre, dégager, surveiller un passage; occuper un passage. Les villes et les passages étaient gardés par les troupes qui étaient revenues d'Azincourt (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.86).Placez six hommes sûrs, à la sortie du pavillon (...); surtout, n'allez pas dégarnir les passages (Dumas père, Chev. Maison-Rouge, 1847, iii, 4, p.108).V.
forcer ex. 7,
passé1ex. 17:
12. ... aux ponts, aux cols montagnards et dans tous les passages difficiles, les voyageurs virent se dresser la silhouette rassurante d'un logis, d'un hospice, d'une chapelle, à côté des bâtiments où vivaient les religieux chargés de l'entretien.
P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.73.
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Synon. de passe♦ V. passe II A 2 a.Une galère (...) venait de lever l'ancre (...) elle franchit (...) l'étroit passage ouvert sur le bassin d'Eunostos et gagna la haute mer (A. France, Thaïs, 1890, p.63).Les bouées sont des corps flottants mouillés sur des écueils ou servant à délimiter un passage ou un chenal (Bourde, Trav. publ., 1929, p.322).
♦ V. passe II A 2 b.Le passage des Thermopyles. Le royaume de Navarre grandit enfin des deux côtés du passage de Roncevaux, voie longtemps suivie à l'exclusion de toute autre par les pèlerins allant à Saint-Jacques de Compostelle (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.361).
− Synon. de passée (v. ce mot B 1 b b).Les hommes (...) s'étaient jusque-là bornés à quêter craintivement leur nourriture aux alentours de leur demeure, empruntant les passages frayés par les bêtes sauvages; ils s'enhardirent désormais à s'éloigner (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.8).
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Passage + déterm.Passage large, glissant, sombre; passage sûr; passage désert, fréquenté; passage naturel; passage alpestre, arctique. Voilà l'élément vrai qui prouve le courant polaire et l'existence du passage nord-ouest. Dans quelle direction est ce passage? Voilà le hic! (Bellot, Voy. mers polaires, 1863, p.37).L'infanterie du 2ecorps d'armée française tenait les passages de la Meuse au sud de Namur en liaison avec l'infanterie belge (Joffre, Mém., t.1, 1931, p.246):13. ... je me souviens de ces conciliabules en montagne avant d'entreprendre une ascension (...), de ces petits conseils de guerre, la veille d'une chasse au chamois: l'un prendrait tel sentier, l'autre tel couloir; attention, il y a un passage dangereux, il convient d'emporter un bout de corde.
Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p.49.
♦ ALPIN. Passage de tel ou tel degré. Partie d'un itinéraire d'ascension évaluée en fonction de la difficulté qu'elle présente. L'escalade de l'éperon Walker est caractérisée [.] par la nature des difficultés (plusieurs passages de 6edegré) (E. Frendo, La Face nord des Grandes Jorasses, 1947, p.99 ds Quem. DDL t.27, s.v. artificiel).
b) En partic.
α) Ruelle étroite, parfois couverte, généralement réservée aux piétons, qui sert de dégagement aux rues voisines. Passage public. Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu'on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine (Zola, Th. Raquin, 1867, p.3).Il venait d'entrer dans le passage Jouffroy quand, sous la lumière des devantures, un gros petit homme en casquette l'aborda (Flaub., Éduc. sent., t.2, 1869, p.196).Les tables des boutiques dans le passage, les gens arrêtés aux devantures, le va-et-vient, encombraient les arcades de l'Opéra grand-Théâtre, semblables aux arcades de l'Odéon, à Paris (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.86).V. couvert ex. 2.
β) Corridor, dégagement entre deux pièces, deux parties d'un édifice. Qu'on se figure une salle de spectacle vide, (...): le rideau levé, l'orchestre désert, les lumières éteintes, (...) les comédiens, les chanteurs, les danseuses, disparus par les trappes et les passages secrets! (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.36).
γ) ,,Tapis étroit dans un corridor`` (GDEL).
δ) [Avec déterm.] ♦ Passage clouté. V. clouté II spéc. et ex. 1.
♦ Passage protégé. Croisement, intersection où la priorité est enlevée à la voie de droite, au bénéfice de la voie principale (d'apr. Lar. encyclop.).
♦ Passage souterrain. Passage en sous-sol, notamment sous une voie de communication. Dans les gares importantes des lignes très fréquentées, on fait passer les voyageurs par-dessus les voies au moyen d'une passerelle, ou par-dessous au moyen d'un passage souterrain (Bricka, Cours ch. de fer, t.2, 1894, p.260).Des passages souterrains (...), aux portes de Paris, permettent aux véhicules circulant sur la rocade dite «des boulevards militaires» d'éviter les courants de circulation qui empruntent les artères radiales de la capitale (J. Thomas, Route, 1951, p.313).
♦ Passage à niveau. Endroit où s'effectue le franchissement d'une voie de chemin de fer par une route ou un chemin, le croisement se faisant au même niveau. Passage à niveau automatique. Un grand nombre de passages à niveau [pourraient être] supprimés, la garde des passages se faisant par signalisation électrique comme aux États-Unis (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p.67).Des automobiles attendant devant un passage à niveau (Butor, Modif., 1957, p.90).V. gardé II A 2.
♦ Passage en/par-dessous ou passage inférieur. Le passage est dit par-dessous lorsque le chemin traverse la voie sous les rails (Bricka, Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.82).Passage en/par-dessus ou passage supérieur. On appelle passages par-dessus ou passages supérieurs, les passages au moyen desquels les chemins franchissent la ligne au-dessus de la voie (Bricka, Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.82).
♦ Passage pour piétons. Espace délimité par des bandes, réservé aux piétons. Elles matérialisent sur la chaussée un passage réservé aux piétons (Encyclop.Sc. Techn.t.91973, p.596).
c) Spécialement
α) HIPP. Passage des sangles. ,,Partie antérieure du ventre où passent les sangles de la selle (à un travers de main en arrière du coude)`` (Tondra Cheval 1979).
β) MÉCAN. Passages à vide. ,,Ratés du moteur, Instants où il ne donne pas`` (Esnault, Notes compl. «Poilu», [1919] 1956). −
Au fig. Passage à vide. ,,Moment où une activité (humaine ou non) cesse d'avoir la moindre efficacité`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). Villain, après un passage à vide vers le deuxième kilomètre, a effectué un retour remarquable (L'Équipe, 22 sept. 1969ds Petiot 1982):14. ... ce cycle de conférences et travaux dirigés, intéressant au sens le plus fort du terme les participants, allant à la rencontre de leurs inquiétudes et de leurs curiosités les plus vives (...), les libérera de combien de «passages à vide», souvent même leur épargnera le temps consumé en vain sur une fausse route...
Antoine, Passeron, Réforme Univ., 1966, p.122.
γ) MÉD., au plur. Les voies génitales. [Le médecin]: −(...) d'après l'état des passages, j'aurais juré qu'il s'agissait d'une primipare (H. Bazin, Barbe, 1957, p.27).