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P. métaph. Le défilé de ces strophes [du Vexilla regis] charriant d'impétueux trophées (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 45):5. Imaginez le fameux Mangin, (...) regardant défiler ses divisions qui reviennent du feu. Il ressemble à sa statue; rien ne bouge sur ce visage; les bras sont croisés. Cette image est entrée dans la légende. Mais il faut savoir aussi que ce long défilé de soldats armés était un défilé d'injures et de menaces.
Alain, Propos,1932, p. 1094.
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P. ext. Déplacement, succession à la file de personnes ou de véhicules : 6. Le soir, quand vous êtes assis à une table de café, le défilé sur le boulevard, le défilé incessant et continu, au bout de quelque temps d'attention, n'a plus l'air d'un défilé de vivants, ça ressemble au passage mécanique des personnages d'un écran, au passage de silhouettes découpées qui n'ont pas d'épaisseur.
Goncourt, Journal,1890, p. 1222.
7. À l'enterrement de Coppée, (...) quand vint le moment du défilé, des condoléances et des poignées de main, je vis défiler tout Paris. Puis sur la fin, apparut un étrange spectacle (...) C'était le défilé des vaincus, la clientèle de Coppée, les vieux camarades, tous ceux qui n'ont pas eu de chance et qui, disparus au regard de tous, avaient pourtant gardé le contact avec lui.
Barrès, Mes Cahiers,t. 6, 1907-08, p. 310.
SYNT. Défilé ininterrompu, interminable; lent, long défilé; le défilé commence, continue.
Rem. En arg. des bagnes et milit., vieilli, on rencontre le synon. défilée, subst. fém. Les forçats, à l'heure de la défilée (A. Humbert, Mon bagne, 1880, feuilleton 48). Les bleus s'alignaient au coude à coude : une interminable défilée (Courteline, Gaîtés esc., 1886, p. 134).