VISÉE, subst. fém.
A. − Action de diriger la vue (ou une arme, un instrument d'optique) sur l'objectif que l'on veut atteindre ou le point que l'on veut observer. Visée au microscope; angle de visée; appareil, instrument de visée; faire une (bonne) visée. L'alidade de triangle de visée faisait savoir Que la portée de ces canons était si grande Que l'on n'entendait plus aucun éclatement (Apoll., Tirésias, 1918, p. 880).Marcelino entr'ouvrit la trappe [de l'avion], prit sa visée, passa, ne lâcha aucune bombe, contrôla: au calcul, la visée était bonne (Malraux, Espoir, 1937, p. 556).♦ Ligne de visée. V. ligne II C.
♦ Plan de visée. Plan perpendiculaire au plan de tir et renfermant la ligne de visée. Le pointeur, en agissant sur son volant de pointage en hauteur, manie à son gré l'inclinaison du plan de visée (Paloque, Artill., 1909, p. 166).
− AÉRON. MILIT. Tête de visée. Équipement de bord de l'avion de combat, placé sur le casque et devant les yeux du pilote et faisant partie du système de tir et de bombardement. (Dict. xxes.).
B. − Au fig., souvent au plur. Orientation de l'esprit d'une personne qui se propose un but et prend des dispositions pour l'atteindre. Synon. but, intention, prétention, projet.Large, noble visée; hautes visées; visées ambitieuses; visées des dirigeants, de l'État; visée d'un auteur. M. de Quélen eut une visée de génie en confiant la direction de cette maison à M. Dupanloup (Renan, Souv. enf., 1883, p. 165).Il s'en consolait [de ses tâches] en renouant avec les audacieuses visées de son père et de son grand-père; il nourrissait de grands projets (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 199).− Loc. verb. Avoir une/des visée(s) sur qqn/qqc. Avoir une intention, des prétentions sur quelqu'un, sur quelque chose. Cette Paros m'a fait dire (...) qu'elle n'avait aucune visée sur lui, qu'elle n'avait accepté que des bouquets (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 167).Il apparaît que la politique de l'Angleterre aurait des visées propres sur cette colonie française [Madagascar] (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 602).
Prononc. et Orth.: [vize]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) xves. [date du ms.] « regard, vue » (Enfances Vivien, éd. C. Wahlund, p. 74); b) ca 1480 prendre visée « action de diriger la vue, le regard vers un but, un objectif » (Mistere Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 36730); c) 1579 prendre la visée « ajuster une arme de trait » (Des Périers, Nouv. recreations, éd. K. Kasprzyk, 87, p. 299); d) 1876 ligne de visée (Lar. 19e); e) 1975 aéron. tête de visée (Lar. encyclop. Suppl.); 2. 1400 jeter sa visee (que) « avoir l'intention de » (Froissart, Chroniques, éd. G. T. Diller, p. 658); 3. a) ca 1590 « direction de l'esprit vers une fin, un but » (Montaigne, Essais, I, 20, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 82); b) 1661 prendre visée (Molière, École des maris, II, 6); c) 1934 philos. (R. Le Senne, Obstacle et valeur, p. 214 ds Lal. 1968). Part. passé fém. subst. de viser1*. Fréq. abs. littér.: 245. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 24, b) 182; xxes.: a) 162, b) 825.