2. [P. réf. à la notion de doigts, de mains, et aux empreintes qui en résultent] Il palpait le cou: « Étranglée avec les mains sans laisser d'ailleurs aucune trace particulière, ni marque d'ongle ni empreinte de doigt. (...) » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1024).− Trace de + subst. désignant le geste, l'action manuelle à l'origine de la trace.Trace de strangulation. Nulle trace d'effraction, pas d'empreintes de souliers dans la terre humide (A. France, Putois, 1904, p. 70).La clôture portait trace d'une attaque de nuit (Hamp, Champagne, 1909, p. 167).
− En partic. [Notamment dans les affaires criminelles] Preuve matérielle. Traces insignifiantes; laisser de nombreuses traces de son passage; faire disparaître les moindres traces; une mort sans traces. Songez que tous les jours meurent des femmes qui ont été aimées, que tous les jours les traces, les preuves de leur faute tombent entre les mains du mari (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Nos lettres, 1888, p. 1107).
5. P. anal. Ce qui subsiste. a) Dans le domaine mus., des bruits, des sons.La voix qui redescend de sa montée meurtrie rentre dans les traces de l' Arietta (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 490).La porte qui filtrait les sons devient sèche; à peine une buée de bruits de pas; la trace d'un rire (Butor, Passage Milan, 1954, p. 124).
b) Dans le domaine olfactif (la trace provenant d'un parfum, d'une odeur).Jeannot allait au bain, et laissait derrière lui en secouant les lianes de jasmin une trace plus parfumée que celle de la première de chez Guerlain (Giraudoux, Suzanne, 1921, p. 207).
6. Loc. verb. a) Suivre qqn à la trace. Suivre quelqu'un en se guidant sur ce qu'il a laissé derrière lui (empreinte, odeur). Suivre un malfaiteur, le gibier à la trace. Il en est [des malades] qui suivent les personnes à la trace comme un chien, et reconnaissent à l'odorat, les objets dont ces personnes se sont servies (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 458).− P. métaph. ou au fig. Ce qui nous intéresse, ce n'est pas de savoir dans quelle mesure exacte Robespierre ou Marat demeurèrent ou non « bourgeois », mais de suivre à la trace le courant de démocratie que nous étudions, divergent de la démocratie classique (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 195).
b) Aller, courir sur les traces de qqn. Suivre quelqu'un, courir après lui. Je demande l'addition, je cours sur ses traces et j'arrive... trop tard! Il venait de tout raconter à ma femme! (Labiche, J'invite le colonel, 1860, 3, p. 337).
c) Être, mettre sur la/les trace(s) de. Être sur la piste de, mettre sur la voie menant à. La justice est sur la trace des coupables, grâce à deux pièces de conviction (Labiche, Affaire rue Lourcine, 1879, 7, p. 452).Ne méprisons donc pas les petits signes: ils peuvent nous mettre sur la trace de choses plus importantes (Freud, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 37).Mettre sur une trace. Mettre sur une piste. Il suffit quelquefois d'un rien, d'un mot, d'un simple indice, d'une ligne d'écriture, pour mettre sur une trace cherchée en vain jusque-là (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 232).
d) Perdre la trace de qqn. Ne pas savoir où il est, le perdre de vue. Dès 1876 (...) on perd un peu sa trace (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Hommes d'auj. (Rimbaud), 1885-93, p. 365).Faire perdre la trace (à qqn). Égarer (quelqu'un), le dérouter. C'est tout à fait le ton de Molière [dans Macette de Régnier] (...) sans rien de ces étrangetés qui nous déroutent ailleurs chez Régnier et nous font perdre la trace (Sainte-Beuve, Prem. lundis, t. 3, 1864, p. 177).Goupil (...) espérait bien, à la faveur des ronces et des clématites, faire perdre sa trace au limier farouche qui lui donnait la chasse (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 39).
e) Marcher sur, suivre les traces de qqn (au fig.). Imiter, suivre l'exemple de quelqu'un. Marcher sur les traces de son père, de ses aïeux. Piedigriggio a deux fils, qui, marchant noblement sur ses traces, ont joué de l'escopette et tiennent le maquis à leur tour (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 232).Celui-ci suivra les traces d'Ingres, celui-là de Delacroix, cet autre de Daumier (Faure, Hist. art, 1921, p. 201).