a) Bloc (de pierre, de bois...) de forme régulière, plus ou moins cubique, dont on se sert pour faire un pavage. Ils font des barricades avec les pavés, montent dans les maisons et tirent sur les troupes (Vigny,Journal poète,1830, p.913).Les pavés de grès qui formaient le parquet gardaient et rendaient tour à tour l'humidité (Balzac,Pts bourgeois,1850, p.132):6. L'échantillon d'un pavé est l'expression de ses dimensions dans les trois sens. Les pavés de gros échantillon offrent plus de résistance à la rupture et présentent plus de stabilité...
Bourde,Trav. publ.,1929, p.68.
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Dessous (sous) les pavés, (il y a, c'est) la plage. [Slogan de Mai 1968] V.
Journal mural, mai 68, Paris, Tchou, 1968, p.30.
SYNT. Pavé de bois, de granit; tas de pavés; poser, tailler des pavés, arracher des pavés (dans une émeute); pavés, briques, carreaux et dalles.
b) Locutions ♦ (Jeter, lancer) un pavé dans la mare (aux canards, aux grenouilles). (Prendre) une position, (faire) une révélation qui fait scandale, qui dérange les habitudes et jette le trouble. Le coup d'état artistique de ce rêveur silencieux, car la mesure venait uniquement de lui; et l'effarement, le tapage de tous, à la suite de ce pavé tombé dans la mare aux grenouilles (Zola,L'OEuvre,1886, p.128).Le célèbre mathématicien s'est fait à sa réputation de M. Scandale. À ses côtés cette fois, pour un nouveau pavé dans la mare, plusieurs scientifiques de renom (Libération,25 janv. 1983, no524, p.16).V. grenouille A 2 e ex. de De Gaulle.
♦ Pavé (de l'ours). [P. allus. à la fable de La Fontaine L'Ours et l'Amateur de jardin] Action (notamment un éloge) accomplie avec bonne intention mais qui, par sa maladresse, se retourne contre celui que l'on voulait aider. Ah non! Pas votre pitié! Assez de pavés de l'ours! N'en jetez plus! (Montherl.,Pitié femmes,1936, p.1144).Ce roman politique [Deux mille ans de bonheur de Macciocchi] appartient autant à l'Italie qu'à la France, comme d'autres oeuvres dont le rappel risquerait d'opérer comme le pavé de l'ours (Le Monde,15-16 mai 1983, p.9).
♦ (S')attacher, (se) mettre un pavé au cou. Puis-je vous attacher au cou un pareil pavé? Au lieu de vous laisser une bonne affaire, je vous laisserais une faillite peut-être (Zola,Bonh. dames,1883, p.603).
♦ Avoir un pavé sur l'estomac, sur la langue. Elle dit que c't escogriffe de Rodin a un pavé dans l'estomac (Poulot,Sublime,1872, p.36).Quelque chose pesait sur sa langue, un pavé qui la paralysait (Genevoix,Raboliot,1925, p.14).
♦ Avoir un pavé dans la poitrine. Nous nous entendrions très bien ensemble, j'en suis sûr (...). Vous verriez peut-être qu'après tout je n'ai pas un pavé dans la poitrine (Zola,Renée,1887, iv, 6, p.381).