1. Qui évoque le serpent par sa forme sinueuse, son mouvement ondulant, sa flexibilité, éventuellement par sa longueur et sa minceur. Synon. onduleux, sinueux.Mouvement serpentin; tige serpentine. L'automne avait déjà recroquevillé leurs feuilles jaunies [de certains chênes] et leurs hautes branches noires et serpentines semblaient d'affreuses chevelures, des nœuds de reptiles géants entremêlés (G. Leroux, Myst. ch. jaune, 1907, p. 26).Descente sinueuse le long des monts abrupts, aux courbes serpentines, dont le rythme se répète et s'enchaîne, en une farandole (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1443).− P. métaph. La tradition française à laquelle nous devons rattacher un Marcel Proust, c'est une tradition vivante, imprévisible, singulière, une tradition en mouvement irrégulier, en ligne serpentine, en tours et en retours, qui, comme une phrase même, comme une page de Proust, dépasse toujours sa matière précise par son élasticité intérieure et par la profusion de son débordement (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 190).
2. Spécialement −
ARTS ♦ CHORÉGR. Danse serpentine. Danse introduite en France à la fin du siècle dernier par l'Américaine Loïe Fuller, et dans laquelle les mouvements de la danseuse font ondoyer des étoffes amples sous l'effet de jeux de lumière. [Loïe Fuller] révélait aux Parisiens, sous les rayons magiques de la fée électricité, ses danses papillonnantes qui enthousiasmaient Rodin (danses du feu, danses serpentines) (Hist. spect., 1965, p. 1547).
♦ PATIN. Ligne serpentine. ,,[Ligne] sinueuse à la façon du serpent qui rampe`` (Petiot 1982). Les lignes serpentines sont exécutées en prenant successivement le mouvement initial sur l'arête intérieure en arrière, extérieure en avant, extérieure en arrière (Claremont,Sports athlétiques,1909,ds Petiot 1982).
♦ PEINT., SCULPT. Ligne serpentine. Ligne sinueuse. Le mouvement du torse est charmant: on y remarque cette ligne serpentine pour laquelle se passionnait Hogarth, et qu'on retrouve, en effet, dans presque toutes les belles statues antiques (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 352).Hogarth crut avoir découvert, dans la ligne en s, le secret de l'harmonie et il lui consacra un traité: The analysis of beauty. (...) Il en distinguait deux variétés: la ligne ondoyante qu'il appelle ligne de beauté et la ligne serpentine qu'il nomme ligne de grâce (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 168).
− MÉD. VÉTÉR. Langue serpentine. ,,Langue du cheval lorsqu'elle remue sans cesse au dehors ou au dedans de sa bouche, ce qui déplace ordinairement le vrai point d'appui du mors. ``(Ac. 1835, 1878) ,,Ce cheval a la langue serpentine`` (Ac. 1835, 1878). Le tic de la langue serpentine, où le cheval sort sa langue de la bouche et l'y rentre alternativement (Brion,Jurispr. vétér.,1943,p. 254).
− MINÉR. Marbre serpentin ou, p. ell., serpentin, subst. masc. Roche de fond vert, parsemé de taches de différentes teintes (v. serpentine et ophite). Sur le pavé de serpentin et de porphyre étendant sous le pas l'ancien tapis des temples (Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 90).
−
VERSIF. Rime serpentine ♦ ,,Dans les traités de métrique latine médiévale, la rime est qualifiée de serpentine quand les troisième et quatrième vers des quatrains sont semblables, comme dans: aa bb cc bb dd bb, etc. (...); ou lorsque les deux premiers vers d'un quatrain riment avec les deux derniers du suivant, tandis que les deux derniers vers du premier quatrain riment avec les deux premiers du quatrain suivant`` (Morier 1961).
♦ ,,Selon G. de Machaut, la rime est serpentine lorsque deux vers riment syllabe par syllabe sans être pour cela holorimes; en d'autres termes, les consonnes d'appui ne sont pas obligatoires`` (Morier 1961). La poésie s'appelle alors rhétorique. Guillaume de Machault et Crétin lui donnent pour plus noble ambition de jongler avec les rimes serpentines, léonines, croisées ou sonnantes (Jeux et sports, 1967, p. 751).