♦
Enfer + compl. déterminatif indiquant la cause ou la nature des souffrances.Enfer de la faim, de la misère. La province n'est plus pour les Parisiens un enfer d'ennui, une suite de cités englouties dans un passé vivant (Morand, Excurs. immob.,1944, p. 86).Il [Jacques Rivière] avait, de 1914 à 1918, traversé l'enfer de la captivité (Mauriac, Du côté Proust,1947, p. 237):9. Le lecteur frissonne en pénétrant dans cet enfer de l'argent qui fut celui de l'auteur des Illusions perdues, drame hallucinant qui a écrasé sa vie et l'a condamné à mourir d'écriture en hurlant sous le fouet de la nécessité.
Morand, L'Eau sous les ponts,1954, p. 56.
−
P. méton. Tourment très vif, insupportable qu'infligent certaines circonstances, certains sentiments, certaines personnes. Envier ce qu'il méprise, c'est l'enfer du génie avorté (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 74):10. À une époque, je croyais que le pire enfer de la guerre ce sont les flammes des obus, puis j'ai pensé longtemps que c'était l'étouffement des souterrains (...). Mais non, l'enfer, c'est l'eau.
Barbusse, Le Feu,1916, p. 355.
11. Alors, c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... ah! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril, l'enfer, c'est les autres.
Sartre, Huis clos,1944, 5, p. 167.
♦ Avoir l'enfer dans le cœur, en soi. Être tourmenté. Philippe envie ses pages qui dorment paisiblement (...) tandis que l'enfer de son propre cœur le prive de tout repos (Staël, Allemagne,t. 2, 1810, p. 295).J'avais l'enfer en moi, je suis l'homme le plus malheureux du monde! (Balzac, Contrat mar.,1835, p. 339).
♦ Souffrir l'enfer. Souffrir excessivement. Je ne peux, en conscience, me faire arracher toutes les dents; toutes me font souffrir l'enfer (Balzac, Corresp.,1819, p. 58).
♦ Coûter l'enfer. Causer de grandes douleurs. Le moindre mouvement coûte l'enfer (Arnoux, Roi,1956, p. 225).