PATRONAL, -ALE, -AUX, adj.
A. − RELIG. CATH. [Corresp. à patron1B 1] Qui concerne le saint patron d'une paroisse, d'un lieu. Culte, église patronal(e); saints patronaux. Ce dimanche-là, c'était la fête du village, la fête annuelle et patronale qu'on nomme assemblée en Normandie (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Père Amable, 1886, p.229).Tous les ans, quand le premier jour d'octobre ramenait la fête patronale, le curé devait faire, selon l'usage, le panégyrique du saint (A. France,J. d'Arc, t.1, 1908, p.62).− Vieilli. Qui concerne le saint patron d'une personne. Je trouve plus raisonnable (...) l'usage qui a prévalu chez les Anglais et chez les Allemands, de célébrer l'anniversaire de la naissance au lieu de la fête patronale (Jouy,Hermite, t.2, 1812, p.257).On ne fut pas pressé de me ramener à la ville. Cependant, j'y venais quelquefois aux époques des fêtes patronales de mes parents (Balzac,OEuvres div., t.1, 1830, p.245).
B. − Qui est relatif à un ou plusieurs employeurs ou chefs d'entreprises. 1. [Corresp. à patron1C 1] Camusot (...) le négociant poudré de ruses et de vertus, masqué de la pruderie judiciaire d'un magistrat du tribunal de commerce, et défendu par la froideur patronale d'un chef de maison, entouré de commis, de caissiers, de cartons verts, de factures et d'échantillons (Balzac,Illus. perdues, 1839, p.509).Voilà les gros commerçants. Entrent les représentants du syndic patronal: le pharmacien, l'épicier, des comparses (Camus,Révolte Asturies, 1936, ii, 4, p.418).M. Tortore, bon bougre, donne deux ou trois petits billets à Pierrot qui, fuyant la vindicte patronale, se retrouve bientôt seul dans l'obscurité (Queneau,Pierrot, 1942, p.31).
2. [Corresp. à patron1C 2 et 3] Autorité, exploitation, fonction, gestion, intérêt patronal(e); oeuvre, institution patronale; association, organisation, syndicat patronal(e); milice patronale; cotisation, part patronale. Si par la persécution patronale et policière ils [les dirigeants] rendaient vraiment illusoire le droit syndical et le droit de grève, la grève générale violente serait certainement la forme spontanée de la révolte ouvrière (Jaurès,Ét. soc., 1901, p.121):. C'est à M. Delobelle (...) qu'Adrien avait demandé mille détails sur le droit patronal et le droit ouvrier. (...) à travers ses propos, Adrien mesura l'abîme vers lequel court la société républicaine. C'était à peine croyable: depuis cent ans, les industriels s'étaient laissé, morceau par morceau, arracher toutes leurs prérogatives.
Aragon,Beaux quart., 1936, p.42.
3. [Corresp. à patron1C 4] La lumière était celle des pêches et des jeunes filles. C'est alors que se dressa le souvenir de l'hôpital. «Bah! se dit Edmond, pour une fois!» C'était mardi, jour de la visite patronale dans sa salle (Aragon,Beaux quart., 1936, p.375).
Prononc. et Orth.: [patʀ
ɔnal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist.1. 1611 «relatif à un protecteur» (Cotgr.); 1732 Fête Patronale (Mercure de France, janv., p.24); 2. 1839 «relatif à un patron, à un chef d'entreprise» (Balzac, loc. cit.), rare av. la fin du xixes. 1888 (P. Lafargue, L'Intransigeant, 1ermai). Dér. de patron1*; suff. -al*; cf. le b. lat. patronalis «dû au patron» (déb. vies.), dér. de patronus, v. patron1. Au sens 1, cf. la forme patronel 1601 (Charron, Sagesse, I, 44 ds Hug.: Puissance ... patronelle des patrons sur leurs affranchis). Fréq. abs. littér.: 47. Bbg. Quem. DDL t.13.