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En partic. ♦ Dents grinçantes. Dents serrées qui grincent sous l'empire d'un affect intense. Mon Villars est devenu blanc comme plâtre; je le vois encore se lever, les dents grinçantes, les poings fermés (Arland, Ordre,1929, p. 11).
♦ [En parlant de la voix, du rire, du ton] Qui a un accent désagréable, dénotant de l'acrimonie ou de l'agacement. Sa voix saccadée, grinçante, avait perdu tout naturel, toute gravité (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1372).Avec ce regard acéré, ce rire un peu grinçant, ce petit ricanement méphistophélique, qui décontenançaient infailliblement ses interlocuteurs (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. xci).
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Au fig. [Qualifiant un subst. désignant un état pyschol. ou un style] Qui est acerbe, dénotant de l'acrimonie ou de l'aigreur. Il demeurait silencieux pendant une partie du repas, puis devenait d'une gaieté grinçante (L. Daudet, Am. songe,1920, p. 114).Il entrait chez Laforgue une sorte d'ironie grinçante et ricanante que la douce Australienne n'a pas connue (Carco, Montmartre,1938, p. 204) :2. C'est un interminable chapitre qui décrit assez pesamment ce qu'était ce « foyer franco-belge » (...) excellente occasion pour lui [Gide] de faire un portrait en pied de Charlie; portrait trop appuyé, à la fois véridique et caricatural, un peu féroce, un peu grinçant, assez amusant par endroits, mais qui n'a vraiment pas sa place dans ce livre.
Martin du G., Notes Gide,1951, p. 1403.
Rem. On relève l'emploi subst. masc. à valeur de neutre. La voix naturelle est un bruit; surtout dès qu'elle augmente par les passions, elle change continuellement, va au suraigu et au grinçant (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 111).