A.− Se douter + prép. de.Se douter de l'infidélité de qqn, du retentissement de qqc., du travail de qqn. Elle [votre lettre] ne m'a rien appris de neuf, ou du moins je me doutais de tout ce que vous me dites (Flaub., Corresp.,1870, p. 120).− [En incise, avec en] Je m'en doutais bien, depuis longtemps; je m'en suis toujours douté; pouvais-je m'en douter; j'aurais dû m'en douter; on s'en doute! on s'en serait douté!
− Fréquemment à la forme négative. Ne pas se douter de qqc.; ne se douter de rien. Ignorer (et de ce fait n'avoir aucune appréhension). Le dix-huitième siècle, qui ne s'est douté de rien, n'a douté de rien (Maistre, Constit.,1810, p. 24).À lire vos articles, si robustes, si puissants, personne ne se douterait de vos fatigues et de vos insomnies (Hugo, Corresp.,1869, p. 194).
[En incise avec en explétif] Je ne m'en doutais guère, pas, point : 11. Surtout, faites semblant de ne rien savoir, hein? Il croit que personne ne s'en doute. Chaque fois qu'il va la voir, il cherche des prétextes et il me donne des explications pendant dix minutes.
Pagnol, Marius,1931, I, 4, p. 37.
B.− Se douter + complétive.Fréquemment à la forme négative 1. Se douter que + ind.Il ne se doutait pas qu'on l'avait vu. « Elle ne m'aimera jamais! elle ne se doute pas même que je l'adore! » (Gobineau, Pléiades,1874, p. 215).
2. Se douter que + cond.Et quand il [Bossuet] mit au net pour son royal élève ses rédactions d'école, il ne se doutait pas qu'un jour, on les prendrait si fort au sérieux (Massis, Jugements,1923, p. 30).Rem. 1. On peut relever l'emploi du subj. après une prop. princ. à la forme négative, le subj. exprimant alors le doute. [Félicité] ne se doutant même pas qu'elle eût rien fait d'héroïque (Flaub., Trois contes, Cœur simple, 1877, p. 17). De même ds Littré : Je ne me doutais pas qu'il vînt; pouvais-je me douter qu'il dût venir si tôt; et Ac. 1798-1932 : Il ne se doutait pas qu'on eut des preuves contre lui. 2. On rencontre ds la docum. a) Doutant, ante, part. prés. employé comme adj. Vertu sentante et doutante (cf. ex. 7 supra). b) Doutable, adj., rare. Dont on peut douter. « Comment le savez-vous? » Il répondit : « C'est pas doutable » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Père Judas, 1883, p. 103). c) Un adj. synon. et doublet du précédent dubitable. Dont on peut douter, sujet à caution. La transcription dubitable d'un interviewer (Bloy, Journal, 1894, p. 112).