2. P. ext. a) Morceau coupé dans un corps dur selon deux surfaces planes parallèles. Tranche de pierre. La fameuse table de marbre, si longue, si large et si épaisse que jamais on ne vit (...) pareille tranche de marbre au monde (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 18).Pour étudier les cellules des organismes supérieurs, on débite les organes du corps en tranches suffisamment minces pour être translucides, et, après avoir traité ces « coupes » (...), on les examine sous le microscope (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 18).
b) Surface que présente un objet, une chose, coupé(e) dans le sens de l'épaisseur. Tranche d'un rondin; tranche d'une planche, d'une table. J'ai découpé et enlevé un jour, au centre d'un rayon, à un endroit où il y avait à la fois du couvain et des cellules pleines de miel, un disque de la grandeur d'une pièce de cent sous. Coupant ensuite le disque par le milieu de sa tranche ou de l'épaisseur de sa circonférence (Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 143).En râtelant on trouvait des pommes entamées par la faux, montrant leur tranche couleur de feuille morte (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 263).
c) Section de certains objets, de certaines choses. Si l'ombre n'est pas épaisse ni l'obscurité profonde sous ces dômes de verdure, cela tient à ce que les arbres présentent une anomalie curieuse dans la disposition de leurs feuilles. Aucune n'offre sa face au soleil, mais bien sa tranche acérée (Verne, Enf. cap. Grant, 1868, p. 159).Et ne gâtez pas cette feuille de papier à tranche dorée, s'il vous plaît, la dernière qui me reste (Claudel, Pain dur, 1918, iii, 1, p. 457).
d) Partie, portion d'une chose qui est plus large que haute. Façade peinte par tranches horizontales. Louis le Débonnaire (...) [avait] déjà laissé reprendre aux sarrasins leur part, c'est-à-dire toute la tranche de l'Espagne comprise entre l'Èbre et le Llobregat (Hugo, Rhin, 1842, p. 123).La maison était mon domaine. Quand je dis la maison, j'entends une partie de la tranche de bâtisse formée par le quatrième étage (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 56).
3. Spécialement a) AGRIC. Terre que la charrue soulève et qu'elle déverse sur le côté en traçant le sillon (d'apr. Fén. 1970).
b) ARTILL. Section perpendiculaire à l'axe d'une bouche à feu et qui termine la volée (d'apr. Littré). Tranche de la bouche d'un canon (Rob. 1985).
c) BOUCH. Partie moyenne de la cuisse située au-dessus du gîte. Tranche grasse. Morceau de bœuf situé en avant de la cuisse et formé par les muscles cruraux antérieurs. La tranche grasse fournit aussi des morceaux à brochettes ou à fondue bourguignonne, ainsi que de la viande hachée (CourtineGastr.1984).Tende(-)de(-)tranche. Morceau de bœuf constitué par le muscle de la partie interne de la cuisse. On traite aussi le tende-de-tranche en rôti, sous le nom de rosbif (CourtineGastr.1984).
d) ÉLECTRON. Plaque de très faible épaisseur d'un monocristal sur laquelle sont réalisés des semiconducteurs (transistors, circuits intégrés, etc.) (d'apr. Industries 1986).
e) MÉTÉOR. Tranche (de précipitation). Couche d'eau liquide précipitée en un point du sol et mesurée au pluviomètre. (Dict. xxes.).
f) MINES ET CARR. Portion de gisement constituant une unité d'exploitation. Tranches montantes, descendantes. Après l'exploitation d'une tranche, une sole artificielle est laissée pour servir de couronne à la tranche suivante (Industries1986).
g) RELIURE. Surface unie qu'offre l'ensemble des feuillets d'un livre relié lorsqu'ils ont été rognés. Tranche de tête (partie supérieure); tranche de pied ou de queue (partie inférieure); tranche de côté ou tranche de gouttière (partie opposée au dos); tranche cramoisie, jaspée, marbrée; livre doré sur tranche (sur la tranche de tête). Barbet regarda les livres en en examinant les tranches et les couvertures avec soin (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 282):Guillaume Apollinaire (...) attrapait un bouquin comme un prestidigitateur, faisait courir la tranche entre le pouce et l'index comme un Grec un jeu de cartes biseautées, ne le feuilletait pas, le posait à plat devant soi...
Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 392.
− Au fig., fam., vieilli. [En parlant d'une pers.] Doré sur tranche. Très riche. Et puis, il y a la célèbre mystification par la continuité révolutionnaire. Comme chacun sait, les maréchaux dorés sur tranche sont les héritiers légitimes des compagnons de Lénine aux vestes de cuir (Malraux, Conquér., 1949, postf., p. 173).
h) Surface que présente l'épaisseur du flan d'une pièce de monnaie sur tout son pourtour. Tranche cannelée, striée; inscription en creux, en relief sur la tranche d'une pièce. Le Dieu protège la France inscrit sur la tranche de nos défuntes pièces de cinq francs (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 356).