LAMÉ, -ÉE, adj.
A. − [En parlant d'un tissu] Qui est orné de fines lames (d'or, d'argent, etc.), qui est tissé avec des fils de métal ou de matière synthétique lui conférant un aspect scintillant. Tulle blanc lamé d'argent à côté de bandes de satin blanc, ou poudré d'or ainsi que de la poussière de gemmes multicolores (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 799).Je ne quittais pas des yeux Antinéa (...). Seule une large tunique lamée la vêtait (Benoit, Atlant.,1919, p. 257):Madame Matifat, qui avait voulu se donner un air digne, dansait coiffée d'un turban et vêtue d'une lourde robe ponceau lamée d'or, toilette en harmonie avec un air fier, un nez romain et les splendeurs d'un teint cramoisi.
Balzac, C. Birotteau,1837, p. 209.
− Emploi subst. masc. Une blouse de lamé très sobre bleu nuit, qu'égaye un simple clips de perles fines (Anouilh, Sauv.,1938, III, p. 229).Elle avait eu le courage d'enlever sa robe de lamé, de l'accrocher sur un cintre (H. Bazin, Vipère,1948, p. 91).
− [P. anal. d'aspect] L'autel, un caillou, rayonnait, Lamé d'argent par la limace Et brodé d'or par le genêt (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 211).Le jour éclatait derrière, en un fond somptueux de nuées grises lamées d'argent... (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 76).
B. − [En parlant d'un objet quelconque] Garni de bandes de métal destinées à orner, à renforcer. Les portes lamées de bronze tremblaient sur leurs gonds, comme si une rafale puissante les eût assiégées (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 207).Bien que, à travers la fenêtre lamée de plomb et grillée, le jour glissât oblique et froid (France, Révolte anges,1914, p. 36).
Prononc. : [lame]. Étymol. et Hist. a) 1532 lamé adj. (R. des Sociétés savantes, t. 4, 6esérie, 1876, p. 254 : robbe de drapt d'or frizé frizenée et lamée d'argent); b) 1652 subst. (Ch.-J. Sauzé de Lhoumeau, Inventaires de l'hôtel de Rambouillet, p. 42). Dér. de lame*; suff. -é*. Fréq. abs. littér. : 69. Bbg. Quem. DDL t. 16.