ÉTROITEMENT, adv.
A.− Dans un espace peu large : 1. Nous n'habitions pas chez les Bucolin qui, en ville, étaient assez étroitement logés, mais chez une sœur aînée de ma mère, dont la maison était plus vaste.
Gide, Porte étr.,1909, p. 502.
− En partic. D'une manière très ajustée. Elle donnera à ses épaules et à ses hanches un mouvement noble et mesuré, avançant à pas menus de ses pieds étroitement chaussés (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 187).
B.− 1. D'une manière serrée. Le misérable avait les deux jambes étroitement liées par des nœuds redoublés qui montaient presque jusqu'aux jarrets (Hugo, Rhin,1842, p. 41).Comme il [Gregory] ne parvenait à dormir qu'en se comprimant le foie, il sanglait étroitement ses reins d'une bande de flanelle brune (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 196):2. Les voyageurs (...) y prenaient place [dans le traîneau] et se serraient étroitement dans leurs couvertures de voyage.
Verne, Tour monde,1873, p. 185.
2. Au fig. a) Intimement, fortement. Des personnes unies étroitement par les liens de l'amour et de l'amitié (Maine de Biran, Journal,1822, p. 354).Ces deux pensées (échapper aux hommes, et revenir à Dieu) étaient si étroitement mêlées dans son esprit qu'elles n'en formaient qu'une seule (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 271):3. En mettant sur la porte de votre hôtel le nom de notre famille, j'ai cru vous être agréable. Je n'ai vu là qu'un moyen délicat de resserrer plus étroitement encore notre intimité.
Sandeau, Sacs,1851, p. 42.
b) Rigoureusement, strictement. L'institution des classes ou des castes constitue une organisation de la division du travail, et c'est une organisation étroitement réglementée (Durkheim, Division trav.,1893, p. 367).Le système parlementaire s'essayait, − système essentiellement dramatique, étroitement soumis aux lois du théâtre (Valéry, Variété II,1929, p. 110).Cf. agrégé ex. 17.
−
Péj. De près. Pierre n'a cessé d'être étroitement épié (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 174):4. Je calculai, en effet, que la tante de la jeune fille ne surveillait pas étroitement sa correspondance, au lieu que sa mère la surveillerait.
Bourget, Disciple,1889, p. 169.
Prononc. et Orth. : [etʀwatmɑ
̃]. Pour [ɑ] à la 2esyll., cf. étroit. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1135 Estreitement « en tenant très serré » (Couronnement Louis, 1730 ds T.-L.); ca 1150 « de manière serrée » (Thèbes, éd. R. de Lage, 4059 : vestue fu estroitement); 1176 « strictement, exactement » (Chr. de Troyes, Cligès, 5740 ds T.-L.); xviies. « intimement » (Fléchier, Mar. Thér. ds Littré). Dér. de étroit*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 1 063. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 802, b) 1 127; xxes. : a) 1 406, b) 2 386.