1. Locutions a) [P. réf. à la pointe des épingles] −
Coups, piqûres d'épingle. Petites offenses malveillantes qu'on inflige à quelqu'un. Les coups d'épingle de l'existence; se venger à coups d'épingle. Après les coups d'épingle, le coup de massue (Hugo, Préf. Cromw.,1827, p. 25).Dans ces vies de province, où il y a tant de tracasseries, de persécutions, d'ambitions chétives et de coups d'épingle (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 8, 1851-62, p. 362):2. Vous connaissez trop mes sentiments (...) pour que sans attacher quant à ce qui vous concerne la moindre importance à de pareils coups d'épingle...
Verlaine, Corresp.,t. 3, 1869-96, p. 236.
− (Tuer, blesser, etc.) à coups d'épingle(s). En faisant souffrir inutilement. [P.] qui semblait prendre à tâche de torturer son complice, comme on dit vulgairement, à coups d'épingles (Sue, Myst. Paris,t. 8, vol. 4, 1843, p. 296).Si son fils le battait, il [le vieux Fouan] souffrirait moins que d'être tué par sa fille à coups d'épingle (Zola, Terre,1887, p. 300).
− Être comme une pelote d'épingles. Être de mauvaise humeur.
b) [P. réf. à la petite taille, au peu de valeur des épingles de couture] − Chercher une épingle dans une botte de foin, de paille (cf. aiguille I A c).
− Une épingle ne tomberait pas par terre. [S'emploie pour laisser entendre qu'il y a une foule très dense] Mais dans l'église on étouffait. Elle était si remplie de gens de Rochefort, de Latour et de Tauves, qu'une épingle ne serait pas tombée à terre (Pourrat, Gaspard,1931, p. 126).
− Tirer son épingle du jeu. Se dégager adroitement d'une situation délicate. Pour le présent, ça va trop mal, il n'y a qu'une chose à faire, qui est de tirer mon épingle du jeu (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 39).Pièces et billets bleus s'échangent sur les tables : il semble que chacun retire son épingle du jeu (Ponge, Parti pris,1942, p. 53).
− Ne pas valoir une épingle. Ne rien valoir du tout. Cela ne vaut pas une épingle; je n'en donnerais pas une épingle (Ac.).
c) [P. réf. à la fonction des épingles en couture] − Être tiré à quatre épingles. Être vêtu avec un soin méticuleux. Tu as toujours été belle, ondulée, tirée à quatre épingles, élégante, brillante (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 2, p. 195).Beaucoup de ménagères, pas du tout tirées à quatre épingles ce soir de veille de fête sainte (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 251).
d) [P. réf. aux épingles de parure] − Monter (qqc.) en épingle. Donner sciemment à un événement une répercussion, une audience exagérée. Monter un scandale en épingle. Ce qu'il faut bien monter en épingle, c'est le côté humanitaire de tout le truc (Duhamel, Cécile,1938, p. 30).N'empêche que l'avocat monterait aussitôt l'histoire en épingle et essaierait d'ameuter l'opinion (Aymé, Tête autres,1952, p. 60).
− Arg. Avoir son épingle au col. Être ivre. Après quatre verrées de verte, j'avais mon épingle au col (Larch.Suppl.1880).
2. Au plur., vx, pop. − Gratifications pécuniaires que l'on accorde aux femmes en échange de quelque service. C'est pour les épingles des filles (Ac.).
− Ce qu'on donne à une femme lorsqu'on a conclu quelque marché avec le mari. Ce sont les épingles de madame (Ac.).Pour épingles du marché, j'ai voulu avoir l'honneur de votre connaissance (Augier, Ceint. dorée,1855, II, p. 359).