1. [Le suj. désigne un animé] Mourir (par suite de quelque chose, sous l'effet de quelque chose). − [Avec compl. introd. par sous] Succomber sous la hache du bourreau; succomber sous le fer, le poignard de qqn. Son mari a été massacré le 2 septembre; sa fille aînée a péri dans l'hôpital d'une prison; sa fille cadette (...) a succombé sous le poids de ses regrets avant trente ans (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 151).On voit parfois les corneilles ou les daims succomber sous des épidémies inexplicables (Giraudoux, Électre, 1937, i, 3, p. 41).
−
[Le plus souvent avec compl. introd. par à] Succomber à une maladie, à une embolie, à une indigestion, à un ulcère, à l'apoplexie, à l'asphyxie, à la famine, au froid, à la misère, au chagrin. Les médecins parlèrent de méningite, d'encéphalite, on ne sut rien de précis. S'agissait-il d'une maladie contagieuse, d'un accident? ou Zaza avait-elle succombé à un excès de fatigue et d'angoisse? (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 359).♦ Succomber à la tâche, à la peine. Mourir d'épuisement en effectuant une tâche. Nous, le peuple des travailleurs (...), depuis notre enfance, nous épuisons à la tâche pour gagner de quoi ne pas mourir de faim, et (...) souvent voyons les meilleurs succomber à la peine (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1289).Crise d'épuisement, comme ses aînés dans le corps des guides, un Brantschen, un Carrel, un Biner, dont il parlait toujours, et qui, eux, avaient succombé à la tâche, trouvant sur leur montagne leur agonie (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 234).
− [Avec compl. introd. par de] Nous apprenons avec un vif regret que M. Charles Swann a succombé hier à Paris, dans son hôtel, des suites d'une douloureuse maladie (Proust, Prisonn., 1922, p. 199).Une petite employée de la maison (...) avait succombé, assez brusquement, d'une grippe soignée trop tard (Martin du G., Taciturne, 1932, i, 9, p. 1262).
− [Avec compl. prép. indiquant une situation, une circonstance] Succomber dans un duel, dans un guet-apens. − (...) Et il y a cette mort du pauvre vieux Boutin... − Oh! (...) un épileptique qui a succombé dans une crise congestive! (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 43).
− Absol. Curieuse épidémie incompréhensible (...). Des gens, des femmes surtout, tombent, pris d'un mal subit et succombent presque aussitôt (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 939).
− [Dans une tournure impers.] Il succombait ici quinze à dix-sept personnes chaque jour (Latouche, L'Héritier, Lettres amans, 1821, p. 76).
2. [Le suj. désigne une chose] Disparaître, être anéanti, ruiné par quelqu'un. − [Avec compl. introd. par sous] Nobles et rois se sont enrichis des dépouilles de la liberté primitive; elle a succombé sous leurs attaques (Guizot, Hist. civilis., leçon 3, 1828, p. 3).Combien d'exemples pourrait-on citer de cette faculté défensive, adaptative, de la vie, sans quoi d'ailleurs la vie eût depuis longtemps succombé sous l'assaut des forces de la matière inerte! (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 151).
− [Avec compl. introd. par à] Tous les gouvernements n'ont péri en France que par leur faute; Louis XVI a pu vingt fois sauver sa couronne et sa vie; la république n'a succombé qu'à l'excès de ses crimes (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 783).Si Saint Augustin, durci par Jansénius et par Saint-Cyran, avait triomphé dans l'Église, elle eût succombé à cette terreur spirituelle: la théologie eût enfanté le désespoir (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 153).
− Absol. La gaieté française et tourangelle succomba chez le comte; il devint morose, tomba malade (Balzac, Lys, 1836, p. 58).La Compagnie, atteinte par la crise, était bien forcée de réduire ses frais, si elle ne voulait pas succomber (Zola, Germinal, 1885, p. 1284).