1. [En parlant du son, de la voix] Qui est aigu, criard. Sifflement, son perçant; pousser des cris perçants. L'enfant hurlait, poussait ces clameurs perçantes qui traversent les murs les plus épais, qu'on entend de la rue en passant près des logis (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Mal d'André, 1883, p. 384).Les coqs à la voix perçante se répondaient d'une ferme à l'autre (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p. 836):1. Valérie ouvrit des yeux étonnés, jeta le cri perçant que les actrices ont inventé pour annoncer la folie au théâtre, elle se tordit en convulsions sur le lit, comme une démoniaque au moyen âge dans sa chemise de soufre, sur un lit de fagots.
Balzac, Cous. Bette,1846, p. 263.
2. [Dans le domaine visuel] a) Qui éblouit. Clarté perçante. Les feux du soleil, dont la lumière perçante vous éblouit et vous aveugle (Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 414).La campagne se déroulait, plaines rouges ou plaines vertes (...) ce même vert de ses feuillages partout perçant (Montherl., Bestiaires,1926, p. 456).
b) Qui voit loin, qui perce l'ombre ou l'étendue, qui aperçoit des objets très petits ou très éloignés. Yeux perçants; vue perçante du lynx.
c) Qui regarde (quelqu'un) avec force, avec une attention pénétrante. Il avait maintenant le regard plus perçant, plus vrillant, venu de plus loin sous les sourcils (Pourrat, Gaspard,1925, p. 169):2. ... un homme debout (...) regardoit avec une attention de tigre; son œil avoit quelque chose de perçant; il parcouroit, de son regard terrible, l'assemblée et principalement les magistrats, avec une curiosité sauvage.
Balzac, Annette,t. 3, 1824, p. 241.
− Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le perçant de ses yeux accoutumés à sonder sans peur les mystères les plus ténébreux (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 104).
3. [En parlant d'une pers., de son esprit] Particulièrement pénétrant, aigu, perspicace, subtil. Jugement, mot perçant; analyse, ironie, moquerie, perspicacité perçante. Un esprit français, vif, perçant, gai, circonscrit dans les idées habituelles de sa nation, les saisissant très bien (Constant, Journaux,1805, p. 191).Il procédait par saillies et intuitions, si perçantes qu'elles semblaient des divinations (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 218):3. Dans la controverse, il avait le génie de l'intervention décisive. Il attendait que chacun eût exprimé ses vues. Puis il prenait la parole. Son esprit lucide et perçant fonçait droit au cœur du sujet. Sa dialectique, tantôt abrupte et tantôt insidieuse, ne manquait jamais de désarçonner l'adversaire et de convaincre l'auditoire.
Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. LXXX.
− Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. La science, son esprit, sa fermeté, sa liberté, le perçant de ses expressions (...) le faisaient craindre et ménager [le cardinal d'Estrées] (La Varende, Saint-Simon,1955, p. 360).