1. Qqn pallie qqc.1(de, par qqc.2).Quand une femme a le malheur de ne pas aimer son mari, elle trouve toujours des raisons pour pallier à ses propres yeux un tort que sa conscience réprouve (Feuillet,Honn. d'artiste,1890, p.211).Il partait dans la vie les mains vides, et méprisait les biens qui s'acquièrent. Pour pallier cette indigence, il ne lui restait qu'une issue: paraître (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.36):. Pauline apporte tous ses soins à pallier les insuffisances et les défaillances d'Oscar, à les cacher aux yeux de tous; et surtout aux yeux des enfants. Elle s'ingénie à permettre à ceux-ci d'estimer leur père...
Gide,Faux-monn.,1925, p.1153.
− [Avec un compl. prép. ou un gérondif] Ces docteurs envoyaient leurs malades se plaindre en l'autre monde. Ensuite ils palliaient leurs sottises aux yeux du peuple, en criant au climat, à l'intempérance, aux maladies (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane,1802, p.317).Il nous est toujours loisible de nous prendre pour les seuls juges et modèles de notre vie; mais quelle honte de n'en point convenir franchement et de pallier d'exégèse son anarchisme ou son péché! (Maurras,Chemin Paradis,1894, p.xxvi).Il savait qu'(...) il resterait un homme de petite stature et il palliait naturellement cette légère disgrâce par un goût charmant de l'élévation morale, du lyrisme et de l'essor (Duhamel,Terre promise,1934, p.78).
− Empl. abs. Les gouvernements balbutient une réponse (...). Ils disent : on exagère (...). Cette façon de pallier ajoute à l'horreur. Chicaner l'indignation publique, rien de plus misérable (Hugo,Actes et par.,4, 1885, p.5).Tout son article est au fond un article d'excuse, un article pour pallier (Péguy,Argent,1913, p.1169).
2. Qqc.2pallie qqc.1Elle-même se dit point belle, mais jolie; Et par ce «jolie» elle entend Quelque chose de laid platement que pallie Un port de tête exorbitant (Verlaine,OEuvres compl.,t. 3, Invect., 1896, p.367).L'excellence des sentiments palliait les défaillances oratoires (Gide,Faux-monn.,1925, p.1008).− Au passif ou en empl. pronom. passif. Les fautes inexcusables de cette femme étaient au moins palliées par la loyauté de son amour, par la hardiesse de son dévouement (Sue,Myst. Paris,t. 6, 1843, p.259).De tels manquements sont excusables dans une existence affairée, ils se pallient d'un sourire, d'un dédommagement spontané, d'une réparation toute charmante (Montesquiou,Mém.,t. 3, 1921, p.37).