a) Dépouiller par fourberie (une personne, une institution, etc.) de ses biens, de ses richesses. Synon. escroquer, piller.Les malandrins qui détroussent son Église (Vogüé, Morts,1899, p. 391).− Emploi pronom. réfl. Se dépouiller. Comme des détrousseurs de cadavres ils [les saints Innocents] se sont détroussés eux-mêmes et ce qu'ils ont ramassé dans la bagarre ce n'est pas moins Que le royaume des cieux et la vie éternelle (Péguy, Myst. Sts Innoc.,1912, p. 226).
b) P. métaph. ou au fig. S'approprier frauduleusement (quelque chose); voler (quelqu'un ou quelque chose). Cependant les gens de cœur écorniflaient les belles affaires et les détroussaient au coin des ministères comme jadis leurs ancêtres faisaient cracher aux Juifs et aux marchands leurs écus quand ils passaient sur la Seigneurie (Balzac,
Œuvres diverses,t. 2, 1830-35, p. 669).C'était une famille [celle des Rougon] de bandits à l'affût, prêts à détrousser les événements (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 72):2. [Le délégué de Haïti :] (...) Traqué par les limiers assoiffés de sang de l'oligarchie financière, par les seigneurs féodaux des compagnies à charte, détroussé sur les grands chemins de l'impérialisme, le prolétariat noir attend le soleil de la délivrance.
Morand, Magie noire,1930, p. 120.
− Dans le domaine des arts et des lettres.Synon. plagier.Ingres, dont il [Chassériau] est élève, et Delacroix qu'il cherche à détrousser (Baudel., Curios. esthét.,1867, p. 29).C'est un homme de génie. Actuellement on le raille, mais chacun le détrousse, le pille et l'utilise (L. Daudet, Morticoles,1894, p. 57).
− Emploi pronom. réciproque. Se voler, se piller. Nos assemblées soi-disant littéraires, nos papotages, nos querelles, toutes les cocasseries d'un monde excentrique, fumier d'encre, enfer sans grandeur, où l'on s'égorge, où l'on se détrousse (A. Daudet, Lettres moulin,1869, p. 142).