1. [En parlant d'une chose] Exposer longuement, expliquer. Je veux que nous soyons l'un pour l'autre des confidents (...) Je veux déplier toute son âme pli à pli (Feuillet, Scènes et prov.,1851, p. 91).Mathias Duval possédait au plus haut point ce don d'exposer, de déplier délicatement une difficulté intellectuelle (L. Daudet, Dev. douleur,1931, p. 194).Et ces gens parlent, pensent tout haut, déplient leur vie devant vous plus vite et mieux en troisième que dans les autres classes (Morand, Chron. homme maigre,1941, p. 36):2. Prendre un texte de l'Écriture et nous l'interpréter moralement selon nos besoins actuels, le déplier et l'étendre dans tous les sens en nous le traduisant dans un langage qui soit nôtre (...) c'est là en quoi Massillon excelle.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 9, 1851-62, p. 8.
2. [En parlant d'une pers.] En emploi pronom. réfl. Manifester librement ses facultés, ses sentiments; s'épanouir. Anton. se replier sur soi-même.Malgré ma froideur, cette âme enhardie s'est dépliée : j'ai vu ce visage changer d'expression et se rajeunir (Balzac, Mém. jeunes mar.,1842, p. 218).Gâli sentait son cœur se déplier : il avait, face à lui, l'Océan Pacifique (Morand, Bouddha,1927, p. 178):3. Jacques avait évidemment le don (...) de créer, par un mot, un sourire, par l'intérêt qu'il témoignait aux êtres, une température favorable à l'éclosion de la confiance, de la sympathie. (...) auprès de lui, les natures les plus rétives, les plus fermées, finissaient par échapper à leur sortilège, par se déplier, par s'épanouir.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 399.
Rem. 1. On rencontre chez Huysmans, déplier + compl. désignant une pers. « qui semble signifier : permettre à quelqu'un de s'exprimer sans contrainte, de sortir de lui-même ». Durtal s'abandonna dans cette chapelle où chacun mettait un peu du sien pour l'adjuver et, songeant à la confession qu'il allait faire, il supplia le seigneur de le soutenir, il l'implora pour que le moine voulût bien le déplier (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 82). 2. On rencontre ds la docum.
α) Dépli, subst. masc. État de ce qui est déplié; pli défait. Quand nous réfléchissons, il se fait matériellement dans nos organes des plis, des déplis, des replis qui vont jusqu'au froncement, si la réflexion est profonde (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 152).
β) Dépliure, subst. fém. Extension. P. métaph. Rien de plus étrange que la manière dont une époque se regarde. Le nez sur elle-même, et sans le recul ni la dépliure des perspectives, elle se croit toujours déshéritée, vide, confuse, néfaste (Cocteau, Foyer artistes, 1947, p. 126).