CONTROVERSER, verbe trans.
[Le suj. désigne une pers., une collectivité ou un inanimé abstr.; l'obj. désigne un inanimé abstr.] Discuter, contester : 1. En effet, comme le général Catroux instituait, le 27 septembre, l'indépendance et la souveraineté de la république syrienne sous le présidence du Cheik Tageddine et, le 26 novembre, celles de la république libanaise sous la présidence de M. Alfred Naccache, l'Angleterre, quoiqu'elle eût par avance controversé ces décisions, s'en accommodait dès lors qu'elles étaient prises et reconnaissait les deux républiques ainsi que les deux chefs d'État qui en étaient issus.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 201.
Rem. Ce verbe est le plus souvent employé au passif :
2. Les opinions que ces différentes sectes soutiennent sont pour la plupart dérivées du fonds commun auquel je viens de toucher. Les idées sur le mariage, sur la propriété, sur l'éducation, sur la direction utile à donner aux goûts, aux passions de l'individu, ont été fort controversées par ces partis philosophiques.
Gobineau, Correspondance[avec Tocqueville], 1843, p. 55.
− Emploi abs. [Le suj. désigne une pers.] Ne peut-il pas s'être laissé aller à de l'aigreur? Car vous n'affirmez pas que ce qu'il dit est vrai, mais seulement qu'il l'a dit : or, si l'allégation en valait la peine, nous controverserions; si elle était fausse, nous la démentirions (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 241).
−
Vieilli, emploi pronom. à sens passif. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Les démêlés de la Russie et de la Porte se controversaient en conférences par les représentants (Chateaubr., Congrès Vérone,t. 1, 1838, p. 74).Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. controversant, ante. [En parlant d'une pers.] Qui aime controverser. Cette unité (...) était devenue le vrai supplice de d'Argenton, trop batailleur, discuteur, controversant, pour se contenter de cette approbation permanente (A. Daudet, Jack, t. 1, 1876, p. 213).
Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tʀ
ɔvε
ʀse], (je) controverse [kɔ
̃tʀ
ɔvε
ʀs]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1579 « discuter quelque chose » (P. de Larivey, La Vefve, IV, 6 ds Ancien théâtre fr., t. 5, p. 181); 2. 1610 relig. (P. Coton, Institution catholique, II, p. 792 ds R. Philol. fr., t. 43, p. 123 : la sentence de S. Augustin (...) est la mieux receuë aujourd'huy, (...) la moins controversée). Empr. au lat. class. controversari; controverser s'emploie surtout au part. passé. Fréq. abs. littér. : 2. Bbg. Darm. 1877, p. 117.