a) [Le compl. d'obj. désigne une chose dont le traitement se développe dans le temps] J'aurais voulu continuer ce journal sur des cahiers de même format que le premier (Gide, Journal,1914, p. 435).Peut-être valait-il mieux continuer sa route vers la grande avenue, mais une fois-là, que faire (Green, Moïra,1950, p. 240):1. ... l'on a fait de Philadelphie à Lancaster une grande route qui va être continuée jusqu'aux montagnes...
Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 2, 1801, p. 43.
2. ... cette basilique inachevée sera continuée, (...) ce tronçon de clocher et ce tronçon d'église, séparés à cette heure par un si vaste espace, se rejoindront un jour et vivront d'une vie commune...
Hugo, Le Rhin,1842, p. 83.
− En partic. [Le compl. désigne une chose qui vient à expiration ou qui en est susceptible] Donner une suite, une nouvelle existence. Synon. usuel renouveler.Cérizet n'a pas voulu continuer le bail de l'exploitation de mon imprimerie (Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 600).Au renouvellement il a écrit à chaque abonné, pour l'engager à continuer son abonnement (J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1906, p. 348).
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P. méton., rare, vx. [Le compl. d'obj. désigne une pers. et est suivi d'un déterm. qui indique sa fonction] Maintenir plus longtemps (dans une fonction). M. de Staël était continué dans son ambassade (Mmede Staël, Lettres inédites à L. de Narbonne,1792, p. 69).Elle fut continuée abbesse après son premier triennat (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 158).♦
[Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un ensemble de pers., une manifestation de l'activité hum.] Donner une suite à l'œuvre, à l'activité de quelqu'un; agir de la même façon que quelqu'un. Ses parents moururent. Elle continua leur métier (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, La Rempailleuse, 1882, p. 653).La fiancée choisie, celle qui devait continuer la race (Zola, Le Rêve,1888, p. 186).Des fils dignement nés et dressés continuent et répètent leurs pères (Barrès, Les Amitiés françaises,1903, p. 35).Michel ne serait, ni physiquement, ni moralement, le soldat qui continuerait la tradition de la race (R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 35):3. Les rares savants et penseurs, qui, à cette époque, ont cherché par la vraie méthode, alors inaperçus ou persécutés, sont à nos yeux sur le premier plan; car seuls, ils ont été continués; seuls ils ont eu de la postérité.
Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 214.
4. Louis IX continua l'œuvre des légistes, − il en avait pour amis, − en l'adoucissant de christianisme et d'humanité.
Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 72.
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P. ext. [Le compl. d'obj. désigne une chose finie que le suj. a déjà précédemment faite] Faire encore, répéter : 5. ... j'ai bonne confiance que, lorsque les pièces auront été produites, il sera difficile aux plus menteurs de continuer leurs mensonges.
Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 147.
6. Christophe se reprochait, le dimanche, de continuer ses parties de campagne avec Ada, tandis que son frère restait à la maison.
R. Rolland, Jean Christophe,L'Adolescent, 1905, p. 354.
♦ Continuer qqc. à qqn.Elle (...) ne laissa rien voir à Jean Valjean, que sa pâleur. Elle lui continua son doux visage (Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 100).Ma bourse ne m'est, (...) pas continuée à Lakanal (Alain-Fournier, Correspondance[avec J. Rivière], 1906, p. 177).Sans tendresse pour la veuve Bargouiller, je résolus cependant de lui continuer mes bienfaits (A. France, La Vie en fleur,1922, p. 302).
b) [Le compl. d'obj. est un subst. d'action qui désigne une opération se développant dans le temps] Faire la paix ou (...) continuer la guerre (Constant, Wallstein,Notes historiques, 1809, p. 190).Monsieur le maire (...), je continuerai le service jusqu'à ce que je sois remplacé (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 260).Toute l'île était silencieuse (...). Seules, les grenouilles continuaient leurs coassements sonores sur les rives (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Yvette, 1884, p. 505):7. ... cet officier et sa jeune amie continuaient sur un ton plus libre la conversation commencée avec tant d'éclat.
J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 143.