1. Emploi adj. Non conforme au modèle courant, et inquiétant pour cette raison : 7. Près d'elle j'éprouve un entraînement irraisonné vers sa candeur possible et une méfiance très raisonnable contre sa rouerie non moins probable. Je me sens en contact avec un être anormal, en dehors des règles naturelles, exquis ou détestable.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Yvette, 1884, p. 485.
Rem. Plur. irrégulier, arg. anormals :
8. Les quelques hommes (...) que l'on pourrait me citer, sont des êtres anormals qui ne doivent pas plus prouver contre ce que j'avance, que les boiteux (...) ne prouvent que la nature de l'homme est d'être boiteux.
F. Vidocq, Les Voleurs,1836, p. 161.
− MÉD., PSYCHOL. Enfants anormaux (Piéron 1963) ,,On préfère actuellement parler d'enfants inadaptés.`` (Psychol. 1969).
2. Emploi subst., MÉD., PSYCHOL., etc. Personne atteinte d'une anomalie physique ou mentale : 9. ... allant chercher, comme un médecin l'appendicite, l'inversion jusque dans l'histoire, ayant plaisir à rappeler que Socrate était l'un d'eux, comme les Israélites disent de Jésus qu'il était Juif, sans songer qu'il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme, pas d'antichrétiens avant le Christ, que l'opprobre seul fait le crime, ...
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, pp. 616-617.
10. ... entre tous les héros du romancier russe, les seuls à qui Gide s'adresse, ce sont ces intellectuels pervertis, humiliés, dont les infirmités ou les tares servent de justification à leur révolte religieuse et morale; ce sont les anormaux, les « monstres », ceux-là, que Dostoïevsky lui-même appelle des « possédés »; un Raskolnikoff, un Stavroguine, un Versiloff, un Ivan Karamazoff, qui, consciemment ou inconsciemment, donnent prise à l'articulation de ses pensées.
H. Massis, Jugements,t. 2, 1924, p. 36.
11. Oui, il était répugnant comme le mal lui-même. Un petit homme brun, une sorte de blatte, mince et noire, méchante. Mais c'était aussi un déséquilibré. Un anormal, sexuellement impuissant.
A. Camus, Requiem pour une nonne,adapté de W. Faulkner, 1956, p. 870.
Rem. 1. Le mot n'est reçu ds Ac. qu'à partir de l'éd. de 1842 : ,,V. lang. (...) Anormal est un mot hybride du 16esiècle. Voy. anomal.`` 2. Anormal, anomal, anomalie, anormalité. ,,Anormal semble avoir été confondu souvent avec anomal (voir anomalie) et ce dernier mot lui-même sert fréquemment de substantif correspondant à anormal, le mot anormalité n'étant pas en usage. Il semble, d'ailleurs, qu'on se soit souvent mépris sur le sens exact d'anomalie, en le rapprochant non d'ο
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ς, mais de ν
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ς, et par suite de l'idée de norme, qui est voisine de celle de règle ou de loi.`` (Lal. 1968).