1. [En parlant de qqn, d'un groupe] Qui est plein de vie, de dynamisme. Synon. dynamique.Enfant (bien) vivant; classe vivante. Pour une famille vraiment vivante où chacun pense, aime et agit, avoir un jardin est une douce chose (Proust, Plais. et jours, 1896, p. 180).[Clotilde] se la rappelait très bien cette grande brune, bien faite, pas précisement jolie, mais gaie, vivante (Tharaud, Bien-aimées, 1932, p. 258).♦ [P. méton.; en parlant d'un comportement, d'une caractéristique physique, etc.] Regard vivant. Elle avait pourtant d'assez beaux yeux bruns, chauds et vivants, qui se levaient souvent vers son compagnon (Magnane, Bête à concours, 1941, p. 29).Je regardais son bras nu, cet endroit que j'aime tant, qui s'appelle la saignée, je crois? Si doux, si merveilleusement lisse et vivant (Mauriac, Passage Malin, 1948, I, 1, p. 34).
− Au fig. Qui a la vigueur, l'expression de ce qui vit; qui en a les qualités. Synon. animé.Description, dialogue, discours, drame, roman, récit, représentation, spectacle vivant(e). Les portraits de Villars et de Vendôme sont fort vivants et des plus gais, sans trop de charge (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 154).On dit d'un livre qu'il est « vivant » quand il est aussi désordonné que la vie, vue de l'extérieur, semble l'être à un observateur accidentel (Valéry, Litt., 1930, p. 112).
− Subst. masc. Bon vivant. Personne d'humeur joviale qui apprécie les plaisirs de la vie. La mort n'est pas loin. Capitaine, J'aime la vie, et vivre est la chose certaine, Mais rien ne sait mourir comme les bons vivants. Moi, je donne mon cœur, mais ma peau, je la vends (Hugo, Légende, t. 5, 1877, p. 977).Il faut bien rire un peu, dit-il au factionnaire et le factionnaire le regarde passer avec ce regard figé qu'ont parfois les bons vivants devant les mauvais (Prévert, Paroles, 1946, p. 18).
2. Qui est constitué par un ou plusieurs êtres vivants, et en particulier par des personnes. Forteresse, mur vivant(e). Rien de plus (...) grandiose que l'irruption de ces quelques milliers d'hommes (...). La route, devenue torrent, roulait des flots vivants (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 27).♦ Tableau* vivant.
− [Avec un subst. désignant qqc.] Qui est la réplique, l'incarnation de quelqu'un ou de quelque chose. Bibliothèque, encyclopédie, gazette vivante. Vous êtes le portrait (...), mais le portrait vivant de votre père (Dumas père, P. Jones, 1838, II, 3, p. 146).Il va en faire une bille, quand il te trouvera là, planté comme un vivant reproche (Arnoux, Zulma, 1960, p. 72).
3. a) [En parlant d'un lieu] Qui est animé, actif; qui est fréquenté par beaucoup de gens. Quartier, rue, ville vivant(e). Les fêtes de la Toussaint, chacun sait quel est, pour Paris, cette cité vivante par excellence, à cette date le souvenir des défunts! Toute la préoccupation de ce qui d'habitude s'appelle les Passants, tend vers les trois nécropoles (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 784).
b) Au fig. [En parlant de qqc.] Qui est animé d'une sorte de vie; qui est présent, actif. Art, religion, société, tradition vivant(e). Il suffirait d'un petit essaim de philologues ou de lexicographes, réunis à quelques écrivains, pour tenir continuellement à jour la table des mots vivants à telle époque (Valéry, Regards sur monde act., 1931, p. 293).♦ En partic. Qui est présent dans la mémoire, le souvenir de quelqu'un. Souvenir vivant. Une image s'agitait dans mon cœur, une image tenue en réserve pendant tant d'années (...); conservée vivante au fond de moi (...) pour mon supplice, pour mon châtiment, qui sait? d'avoir laissé mourir ma grand'mère (Proust, Sodome, 1922, p. 1115).Ce vieil omnibus a disparu, mais son austérité, son inconfort sont restés vivants dans mon souvenir (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 146).
− LING. Langue vivante. [P. oppos. à langue* morte, langue artificielle*] Langue spontanément et effectivement parlée dans une communauté linguistique. Quelle que fût l'épreuve, en quelque matière qu'il fallût composer, sciences ou lettres, langues vivantes ou classiques, Morlot, Laboriette et Chazal étaient toujours les derniers (A. France, Vie fleur, 1922, p. 361).