1. Remporter qqc.a) Emporter d'un lieu, en le quittant, ce que l'on y avait apporté. L'abbé, après avoir balbutié des prières, s'en alla d'un air de gêne, en remportant le bon Dieu (Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 210).(Elle met le plateau sur la table. Jan fait un geste). Dois-je le remporter? (Camus,Malentendu, 1944, ii, 4, p. 153).−
[Souvent en coord. avec apporter] Le soir revint, et de nouveau Anna avec de nouveaux plats. Elle trouva intacts ceux qu'elle avait apportés, le matin; et elle les remporta, sans une observation (Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1338).♦
Littér. Apporter et remporter (dans un mouvement de flux et de reflux). J'étais seul (...) à regarder la mer, à écouter ses lames qui apportent et remportent les coquillages bruissants de ses grèves (Lamart.,Confid., 1849, p. 6):Marius hésitait à croire que le Fauchelevent de la barricade fût le même que ce Fauchelevent en chair et en os, si gravement assis près de Cosette. Le premier était probablement un de ces cauchemars apportés et remportés par ses heures de délire.
Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 621.
b) Emporter d'un lieu, en le quittant, ce que l'on y a reçu ou trouvé. Elle arrivait chargée des pouvoirs du duc d'Otrante. Elle remporta un billet écrit de la main de Monsieur (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 587).J'ai initié mon compagnon à l'eau-de-vie de cidre, et il en a remporté une bouteille chez lui! (Flaub.,Corresp., 1874, p. 155).− En partic. [Le compl. d'obj. désigne une réalité abstr.] Remporter (d'un entretien, d'une visite, d'un voyage) une angoisse, une assurance. Je remportais de certains de ces concerts des impressions profondes (Gide,Si le grain, 1924, p. 464).Il se promène le soir sur la Place Royale, et remporte ensuite à Rouen quelques images un peu naïves, mais vivantes, mais claires (Brasillach,Corneille, 1938, p. 121).
2. P. anal., vieilli. [Le compl. d'obj. désigne gén. une pers. inerte ou passive] Remporter qqna) [Corresp. à supra A 1 a] « Mais nous bavardons! Et je ne vous ai pas encore demandé ce qui vous amène. Rien de grave, bien sûr? » dit-il avec un air jovial. Et en effet, ayant écarté ainsi cette hypothèse ennuyeuse, il bondit sur son dada, qui le remporta en pleines nuées (Montherl.,Célibataires,1934, p. 890).− [Souvent en coord. avec apporter ou amener] Ma fille? (...) Est-ce qu'on ne pourrait pas l'amener rien qu'un petit moment? On la remporterait tout de suite après. Dites! Vous qui êtes le maître, si vous vouliez! (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 346).On apportait, on remportait les opérés, dans un va-et-vient rapide, à peine le temps de donner un coup d'éponge sur la toile cirée (Zola,Débâcle, 1892, p. 327).
b) [Corresp. à supra A 1 b] Remporter qqn mourant. Ils se jettent à la tête les chandeliers, les sièges et les lourds landiers (...). Leurs femmes échevelées accourent de toutes parts pour les séparer. On en remporte toujours quelqu'un horriblement balafré (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p. 128).Une telle trombe d'obus balayait les champs vides, sans un arbre, que la panique tout de suite se déclara, remportant les hommes le long des pentes, les roulant ainsi que des pailles surprises par un orage (Zola,Débâcle, 1892, p. 303).