1. Sentiment favorable que l'on attache, témoigne à une personne de valeur (ou considérée comme telle) et à ses qualités. Estime mutuelle; affectueuse estime; estime de ses concitoyens; estime pour (son/le) caractère, esprit, talent; attacher du prix à l'estime de (telle pers.). J'en suis au point de ne plus compter sur l'estime ni l'approbation de personne (Maine de Biran, Journal,1820, p. 281).Ils tiennent M. Zola en petite estime littéraire et le renvoient à l'école parce qu'il n'a pas fait de bonnes humanités et que peut-être il n'écrit pas toujours parfaitement bien (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 267).Cf. aussi
estimable ex. 1 :
2. « Forcer l'estime, à force de vertu ».
... il semblait bien que M. Thibault eût souffert de lui-même et des mérites qu'il acquérait si durement : « L'estime n'exclut pas nécessairement l'amitié, mais il semble rare qu'elle contribue à la faire naître. Admirer n'est pas aimer; et, si la vertu obtient la considération, elle n'ouvre pas souvent les cœurs ». Amertume secrète, qui l'amenait même à écrire, quelques pages plus loin : « L'homme de bien n'a pas d'amis... »
Martin du G., Thib.,Mort père, 1929, p. 1337.
− [Dans une formule épistolaire] Mille assurances d'estime et d'affection (Tocqueville, Corresp.[avec Henry Reeve] 1849, p. 102).
− En partic. Estime de soi. Bonne opinion que l'on a de soi-même, de sa propre valeur; satisfaction morale de pouvoir se juger irréprochable en conscience. Conserver, garder, perdre sa propre estime. Chercher sa propre estime et non point celle d'autrui (Ramuz, A. Pache,1911, p. 117).On ne se guérit de la colère qu'en se guérissant de l'estime excessive de soi et de la susceptibilité à l'injure qui en dérive (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 262).
− P. anal. [À propos d'animaux] Les amateurs d'oiseaux de volière le [le Rossignol] tiennent en très haute estime à cause de sa belle voix et la façon mélodieuse et variée dont il agrémente les roucoulades de son chant (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 149).
2. Opinion avantageuse que l'on attache, témoigne à une chose de valeur (ou considérée comme telle). Si l'on entend par humilité le peu de cas que l'homme ferait de sa nature, la petite estime dans laquelle il tiendrait sa condition, je refuse complètement à un tel sentiment le titre de vertu (Renan, Avenir sc.,1890, p. 355).« Celle-là a l'air d'être découpée dans la doublure de mon manteau », dit-elle à Swann en lui montrant une orchidée, avec une nuance d'estime pour cette fleur si « chic » (Proust, Swann,1913, p. 221).SYNT. (relatifs à B 1 et B 2). Estime générale, particulière, publique, universelle; estime profonde, respectueuse; grande, haute, moindre, sincère estime; digne d'estime; estime des (honnêtes) gens, du monde; marque, preuve, sentiments, témoignage d'estime; conquérir, gagner, garder, mériter, obtenir, perdre, regagner l'estime; accorder son estime; avoir droit à l'estime; baisser, remonter dans l'estime; avoir, concevoir, éprouver, inspirer, jouir de l'estime; tenir en grande, médiocre, piètre estime.
− Loc. verbales. Faire estime de qqn, qqc. Faire cas de (cf. Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 215); être en (haute) estime (cf. Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 389); mettre en grande estime (cf. Erckm-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 51).