a) Éveiller un sentiment en qqn; éveiller de la déception, un espoir en qqn. Comment vous dire tout ce qu'éveille d'émotion en moi un article de vous? (Hugo, Corresp.,1872, p. 312).Son pire défaut est qu'elle n'éveille en vous aucune sympathie, qu'elle n'est femme en rien (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 27):8. Antoine l'écoutait, sans l'interrompre; et cette attention intimidait un peu Jacques, mais le soutenait aussi, éveillait en lui un secret sentiment d'importance qui le rendait plus loquace.
Martin du G.,Thib.,Sorell., 1928, p. 1216.
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Emploi pronom. Apparaître, s'épanouir. D'ineffables aspirations s'éveillent en lui (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 177):9. Elle commença de se balancer un peu du buste, selon son habitude même sur une chaise droite. Ce mouvement semblait l'aider à réfléchir. Un projet s'éveilla bientôt en elle. Toujours active à penser, dès qu'elle concevait un plan, elle le poursuivait inlassablement.
Roy, Bonheur occas.,1945, p. 110.
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En partic. [Le compl. désigne une pers. ou un personnage typique] Faire naître, donner l'existence, susciter : 10. Alors elle levait son doigt d'une façon charmante (...) et elle ne savait dire que ce seul mot : « papa », ce mot qui éveillait en lui un être nouveau, et faisait surgir dans son cœur un monde inconnu de tendresses.
Moselly, Terres lorr.,1907, p. 280.
♦ Emploi pronom. Il y eut un nouveau silence. Le médecin s'éveillait en lui. Il compta les pulsations (Zola, Page amour,1878, p. 930).Le poète s'éveille dans l'homme par un événement inattendu, un incident extérieur ou intérieur : un arbre, un visage, un « sujet », une émotion, un mot (Valéry, Variété V,1944, p. 160).
b) Éveiller (qqn) à (qqc.).Ouvrir à, faire s'épanouir à. Une jeune femme un peu lourde, qui avait des vapeurs, difficile à éveiller au plaisir, et toujours insatisfaite (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 69):11. Deux ans plus tôt, pour m'éveiller à l'humanisme, il m'avait exposé des idées dont il ne soufflait plus mot, de crainte d'encourager ma folie mais qui s'étaient gravées dans mon esprit. Elles reprirent, sans bruit, leur virulence...
Sartre, Mots,1964, p. 147.
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Emploi pronom. S'ouvrir à quelque chose, en prendre une première connaissance. Adam s'éveille à la vie; ses yeux s'ouvrent; il ne sait d'où il sort (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 285).L'Italie s'était éveillée la première à la science et à la beauté (France, Rabelais,1909, p. 8):12. Raymond, la victime, réagissait peu à peu, s'éveillait à la souffrance, au dépit, à une colère qu'il ne pouvait manifester...
Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 145.
SYNT. Éveiller la convoitise, la cupidité, la défiance, le désir, l'instinct, l'intérêt; éveiller des résonances.