RETOUCHER, verbe trans.
A. − Toucher de nouveau. Puis, la vague retomba; et l'âme retoucha le fond (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1205).− Empl. trans. indir. La noble guenon essayait de retoucher au fruit défendu (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 170).
B. − 1. Apporter des modifications de détail, des changements partiels. Il fallait, pour retoucher et finir le travail d'Amyot, la réunion assez rare des trois langues qu'il possédait et qui ont formé son style (Courier, Lettre à M. Renouard, 1810, p. 270).Je passai un peigne dans mes cheveux, je retouchai mon maquillage (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 65).P. ell. du compl. La dernière partie en soi est très bien. Mais je me demande maintenant si elle est une interprétation fidèle de Claudel. J'ai peur que non. Alors il faudra retoucher, remanier (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 339).− Empl. trans. indir., rare. Ayant écrit tout d'un trait, et en moins de quinze jours, l'ouvrage qu'on va lire, je ne me suis donné ni le temps, ni la peine d'y retoucher (Cottin, Cl. d'Albe, 1799, p. 84).
2. Spécialement a) COUT. Rectifier un vêtement terminé; l'adapter à la taille du client. En quinze jours, il avait maigri, maigri (...). On avait dû retoucher et rétrécir son costume de Lorenzaccio (Bourget, Conflits int., 1925, p. 111).
b) PEINT. Apporter de légères modifications sur un tableau terminé. Si toutes les parties du tableau avoient été retouchées avec le même soin, nous posséderions des enfers aussi poétiques que ceux d'Homère et de Virgile (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 517).
c) PHOT. Corriger les défauts d'un négatif ou d'une copie positive. Il faut souvent repiquer le cliché ou l'épreuve, c'est-à-dire boucher de petites taches avec un pinceau très fin, ou même les retoucher pour éclaircir ou foncer la gélatine. Certains retoucheurs de clichés sont des techniciens éprouvés qui obtiennent des résultats remarquables (...). Et voilà les photographes divisés (...) les uns prônant la retouche comme indispensable, les autres la qualifiant de trahison (Prinet, Phot., 1945, p. 49).− Part. passé en empl. adj. Les photographies « retouchées » qu'Odette avait fait faire chez Otto (Proust, Prisonn., 1922, p. 203).
Prononc. et Orth.: [ʀ
ətuʃe], (il) retouche [-tuʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1176-81 trans. indir. « toucher (le cœur), aller (au cœur) » (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 5326: Et de son neveu li retoche Granz joie au cuer), empl. isolé; 2. ca 1225 trans. dir. « toucher de nouveau » (G. de Coinci, Mir., éd. V. F. Kœnig, t. 4, p. 231, 381 [II Mir. 24]: touche et retouche le nez); 1655 trans. indir. « toucher de nouveau à » (Brebeuf, Pharsale, t. 4, p. 39 [ici au fig.]). B. 1. a) 1663 trans. dir. « reprendre en corrigeant (une œuvre littéraire) » (Corneille, Sophonisbe, Au lecteur ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 6, p. 463: retoucher Le Cid); 1688 trans. indir. (Bossuet, Variations, VIII ds Littré); b) 1669 trans. dir. « ... (une œuvre d'art) » (Molière, Gloire du Val de Grâce, 251 ds
Œuvres, éd. E. Despois et P. Mesnard, t. 9, p. 555); c) 1850 phot. (Delacroix, Journal, p. 422: retoucher des épreuves de photographie); d) 1860 cout. (Goncourt, Journal, p. 776); 2. 1680 « revenir sur, revoir en détail » (Mmede Sévigné, Corresp., 6 mars, éd. R. Duchêne, t. 2, p. 863: on a retouché toutes les affaires et partages). Dér. de toucher*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 183.
DÉR. 1. Retouchable, adj.Qui peut être retouché. Il n'y en a qu'un auquel je n'ai pas touché, et qui ne me semble pas retouchable, c'est Richesse oblige (Flaub., Corresp., 1853, p. 303).− [ʀ
ətuʃabl̥]. − 1reattest. 1853 id.; de retoucher, suff. -able*.
2. Retoucheur, -euse, subst.Personne qui effectue des retouches (généralement en confection ou en photographie). Le retoucheur des costumes de la tragédienne (E. de Goncourt, Faustin, 1882, p. 133).V. supra ex. de Prinet.− [ʀ
ətuʃ
œ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1877 phot. (Littré Suppl.), b) 1882 cout. (E. de Goncourt, loc. cit.); de retoucher suff. -eur2*.