RÉDHIBITOIRE, adj.
A. − DR. Qui peut motiver la rédhibition. La garantie que le vendeur doit à l'acquéreur, a deux objets: le premier est la possession paisible de la chose vendue; le second, les défauts cachés de cette chose ou les vices redhibitoires (Code civil, 1804, art. 1625, p. 299).L'action résultant des vices redhibitoires doit être intentée par l'acquéreur, dans un bref délai, suivant la nature des vices redhibitoires, et l'usage du lieu où la vente a été faite (Code civil, art. 1648, 1804, p. 302).
B. − P. ext. [En parlant d'un défaut, d'un empêchement] Qui est suffisant pour justifier l'annulation d'un engagement. − Ah! Mon ami, dit M. Leuwen en riant de tout son cœur, d'où sortez-vous? Allez il n'y aura jamais de ces duels-là, et pour cause. − Ce serait là, continua son fils fort sérieusement, un cas rédhibitoire. Je partirais à l'instant pour l'Angleterre (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 255).Le mariage (...) tient toujours du piège. Il surprend les signatures, promet plus qu'il ne peut donner, et n'admettant ni clauses rédhibitoires ni indemnités réparatrices, rappelle un peu trop les précautions des anciens usuriers avec les fils de famille qu'ils plumaient si cauteleusement (Amiel, Journal, 1866, p. 65).♦ P. plaisant. Leurs gelées, crèmes (...) et la plupart de leurs sauces, sont rédhibitoires (Morand, Londres, 1933, p. 239).
− Au fig. Qui a un défaut inacceptable. Mon cher ami, tu me parais avoir à mon endroit un tic ou vice rédhibitoire (Flaub., Corresp., 1852, p. 442).
Prononc. et Orth.: [ʀedibitwa:ʀ]. Ac. 1762: re-; dep. 1798: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) xiiies. accion redebitoire « action tendant à faire prononcer la résiliation d'un contrat de vente » (Digestes, ms. Montpellier, 47, f o43a ds Gdf. Compl.); b) 1690 cas redhibitoires « circonstances entraînant la résiliation d'un contrat de vente » (Fur.); 2. 1852 fig. (Flaub., loc. cit.). Empr. au b. lat. jur.redhibitorius (Digeste, 533 apr. J. C.), dér. de redhibere « faire reprendre une chose vendue ». Fréq. abs. littér.: 16.