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Loc. pop. et fam. ♦ Avoir, obtenir qqc. pour un morceau (une bouchée) de pain. Avoir, obtenir pour une très petite somme. Car j'ai habité autrefois tout près d'ici, quelque chose que j'avais déniché, que j'avais eu pour un morceau de pain (Proust,Sodome, 1922, p.972).
♦ Casser le morceau à qqn. Dire à quelqu'un ses vérités. Bon, eh bien tu leur casseras le morceau; tu leur demanderas comment ça se fait que les curetons soient toujours fourrés avec les officiers (Sartre,Mort ds âme, 1949, p.240).
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Emporter, enlever le morceau. Finir par obtenir gain de cause: 1. Pour un Guermantes (...), être intelligent, c'était avoir la dent dure, être capable de dire des méchancetés, d'emporter le morceau, c'était aussi pouvoir vous tenir tête aussi bien sur la peinture, sur la musique, sur l'architecture, parler anglais.
Proust,Guermantes 2, 1921, p.441.
♦ Gober le morceau (en parlant du poisson). Mordre à l'appât. P. métaph. Se laisser attraper. (Ds Littré, DG, Rob.).
♦ Lâcher, manger le morceau. Avouer, dénoncer ses complices. Synon. se mettre à table*.Ce brave garçon, dégoûté de la besogne immonde qu'on lui faisait accomplir, s'était décidé à manger le morceau et à documenter les nationalistes (L. Daudet,Temps Judas, 1920, p.219).
♦ Ne pas lâcher le morceau. Résister fermement. Alors on a été aux groupes de combat, parce qu'il y en avait là-dedans qui ne lâchaient pas le morceau, des grands types, des culottés, ceux qui avaient sauté les premiers et qui s'accrochaient dur (Vercel,Cap. Conan, 1934, p.243).
♦ S'ôter les morceaux de la bouche. S'imposer de grandes privations. − Ah! murmura au bout d'un moment Martine (...). Un vrai coeur d'or, qui s'ôterait les morceaux de la bouche (Zola,Dr Pascal, 1893, p.14).