MÉCANIQUEMENT, adv.
A. − Relativement aux lois de la mécanique. Les progrès dans l'architecture furent rapides. Bien vite, les constructeurs reconnaissent les points mécaniquement utiles, pour les renforcer et alléger d'autant l'édifice dans des parties inactives (Hourticq, Hist. art., Fr., 1914, p.18).Le système est mécaniquement et thermiquement isolé (Niggli, Loi phases minér. et pétrogr., t.1, 1938, p.10).Rien ne donne moins l'impression d'effort qu'une force qui s'applique à un point matériel; elle accomplit le travail dont elle est capable, ni plus ni moins, et elle se transforme mécaniquement en énergie cinétique ou calorifique (Sartre, Sit. III, 1949, p.212).
B. − Par des moyens mécaniques, avec des machines. Le béton fabriqué mécaniquement à la bétonnière est répandu en couches régulières (Bourde, Trav. publ., 1929, p.105).Les erreurs d'enchaînements ne sont pas mécaniquement évitables avec les machines que nous avons rencontrées jusqu'ici (Couffignal, Mach. calc., 1933, p.51).Le façonnage se fait quelquefois à la main, plus souvent mécaniquement par étirage sous pression (C. Duval, Verre, 1966, p.50).
C. − P. anal. Automatiquement, sans faire intervenir la volonté ou la pensée. Répéter des mots mécaniquement. Il allait au passage du Pont-Neuf, comme il se rendait chaque matin à son bureau, mécaniquement, par un instinct de brute (Zola, Th. Raquin, 1867, p.22).Sa main commença de dessiner mécaniquement des hachures au crayon (Malègue, Augustin, t.1, 1933, p.266).À peine si, mécaniquement, sa mémoire a enregistré quelques visions incohérentes (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.729).− MUS. Elle est (...) assez forte sur le piano, mécaniquement, point d'âme au bout de ses doigts et pourtant, elle a réussi à me faire tressaillir (M. de Guérin, Corresp., 1837, p.330).
Prononc. et Orth.: [mekanikmɑ
̃]. Ac. 1694: mechaniquement; 1740: mécha-; dep. 1762: -ca-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1500 «comme un artisan, un ouvrier» (Commynes, Mémoires, V, 18, éd. J. Calmette, t.2, p.211); b) 1remoitié du xvies. «d'une manière basse, vile» (Le Blason des Barbes ds Anc. poés. fr., éd. A. de Montaiglon, t.2, p.212); 2. a) 1679 «du point de vue de la mécanique» (ds le titre d'un livre annoncé, 23 janv. ds Fr. mod. t.23, p.221); b) 1753 «sans l'intervention de la volonté, de la réflexion» (Buffon, Discours sur le style, éd. A. Hatzfeld, p.22). Dér. de mécanique*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 155.