a) Délivrer quelqu'un de ce qui lui est une entrave, une gêne, un poids. On a libéré la femme d'une partie de ses travaux à domicile cependant que les sévères conditions de la vie ne lui permettaient plus de rester au foyer sans travailler (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 128).Un des avantages de la vieillesse, c'est qu'elle vous libère des passions qui obscurcissent l'intelligence (Green, Journal,1949, p. 267):2. Vallès est l'homme qui nous libère de la famille, qui nous libère de notre père et de notre mère, qui nous dit : « Juge-les et, s'il y a lieu, condamne-les ». Je n'accepte pas, je repousse cette liberté qu'il m'apporte.
Barrès, Cahiers, t. 10, 1913, p. 230.
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En partic. ♦ Libérer son cœur. Se délivrer d'un souci, d'une obsession; s'épancher. Il se sentait plein de sympathie pour toute espèce d'animaux, et disposé à les nourrir et à les soigner, tous chacun selon leur espèce. Ayant ainsi décidé (momentanément) de son avenir, il n'en eut que le cœur plus léger pour se livrer à d'autres préoccupations, qui le lui alourdirent, ce cœur qu'il venait de libérer (Queneau, Pierrot,1942, p. 198).
♦ Libérer sa conscience. Se délivrer d'un scrupule, d'un remords par des paroles (aveu(x), confession) ou par des actes. À ta place, ma petite, je parlerais, je parlerais, je me jetterais à corps perdu dans cette confession, je libérerais entièrement ma conscience! (Bernstein, Secret,1913, I, 7, p. 12).
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Emploi pronom. [Avec ou sans compl. prép.] Je ne comprenais pas qu'en croyant me libérer, je devenais de plus en plus esclave de mon orgueil (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1027):3. Je suis hanté par le désir, par moments fou, de me libérer de tout, de toutes mes attaches. Il y aurait si peu de choses à faire pour être le vainqueur de tout.
Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1911, p. 265.
b) Dégager quelqu'un d'une obligation. Être libéré d'un contrat, de poursuites; être libéré des obligations militaires. Vous me proposiez de me libérer de mes engagements littéraires pour la 3eédition des Scènes de la vie privée (Balzac, Corresp.,1833, p. 425).−
En partic. ♦
Libérer une personne d'une dette. Elle [la cession judiciaire] ne libère le débiteur que jusqu'à concurrence de la valeur des biens abandonnés (Code civil,1804, art. 1270, p. 229).Emploi pronom. [Avec ou sans compl. prép.] Se libérer envers qqn; se libérer par annuités. Comme sa fortune était en biens territoriaux, il écrivit au notaire du Havre d'en vendre une partie, pour se libérer de ses dettes et avoir quelque argent à sa disposition (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 164):4. Elle lui apprit que les huissiers le cherchaient, que son éditeur avait livré son adresse, que Godwin laissait faire. Faute d'argent pour se libérer, il ne pouvait que disparaître.
Maurois, Ariel,1923, p. 188.
♦ Libérer un soldat. Renvoyer un soldat dans ses foyers à la fin du temps de service ou à sa démobilisation. À l'expiration du temps de service actif les militaires sont libérés et reçoivent leur livret individuel et un fascicule de mobilisation (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p. 51).Vx. L'exempter (d'apr. Littré). Emploi pronom. Se faire exempter. En causant tous les jours davantage avec eux, il se familiarisa, finit par apercevoir la possibilité de se libérer du service militaire qu'on lui présentait comme appât (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 564).
c) Rendre à quelqu'un sa disponibilité; le dégager d'une ou de toute occupation; lui donner ou lui ménager du temps libre. À l'heure de midi, quand la cloche libère Par un signal connu les jeunes écoliers (Murger, Nuits hiver,1861, p. 131).Le mois de juin était entamé (...). Les couvents libéraient leurs premières pensionnaires (Lacretelle, Hts ponts, t. 1, 1932, p. 219).− Emploi pronom. [Sans compl. prép.] Impossible tous ces jours-ci de me libérer assez tôt pour passer avant la fin du jour quelques instants avec toi (Gide, Corresp. [avec Valéry], 1901, p. 381).