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Coup de griffe. Critique, attaque verbale cinglante ou sournoise. Elle insultait les gens de la maison qui ne la servaient pas assez vite, invectivait les cavaliers qui ne lui faisaient pas de place, donnait des coups de griffe à ceux qui voulaient s'émanciper avec elle (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 271) :3. Cela nous rappelle l'admiration d'un littérateur républicain qui félicitait sincèrement le grand Rubens d'avoir, dans un de ses tableaux officiels de la galerie Médicis, débraillé l'une des bottes et le bas de Henri IV, trait de satire indépendante, coup de griffe libéral contre la débauche royale. Rubens sans-culotte! Ô critique! Ô critique!...
Baudel., Salon,1845, p. 10.
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Loc. verb. [Renvoyant à l'image d'un félin, d'un chat] Supra A 2.
♦ Voir, sentir la griffe (chez qqn) (vieilli). Voir, sentir quelque chose de menaçant. Dîné chez Mmede St(aël). On voit toujours la griffe. Elle sera furieuse. Qu'y faire! Il faut sortir de cette vie-ci qui ne peut mener à rien (Constant, Journaux,1814, p. 424).L'horreur était dans cette femme et se combinait avec la grâce. Rien de plus tragique. On sentait la griffe, on sentait le velours. C'était l'attaque féline, mêlée de retraite (Hugo, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 99).
♦ Montrer la griffe (vieilli), sortir les/ses griffes. Se montrer menaçant, agressif. Cet autre, en montrant la griffe, a dit à quel prix il consentirait à faire patte de velours (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 234).Autrefois tu jugeais tout cela comme des choses sans conséquence et voilà que, maintenant, tu montres toutes tes griffes (Duhamel, Terre promise,1934, p. 218).
♦ Rentrer ses griffes. Se montrer conciliant. « ... Nous aurions vu immédiatement Berlin changer de ton », interrompit Studler. « L'Allemagne aurait battu en retraite, forcé l'Autriche à rentrer ses griffes, et tout se serait terminé, à l'amiable, par des marchandages de chancelleries! » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 517).V. amateur ex. 66.
♦ Se faire les griffes. Synon. s'aguerrir.Peut-être suis-je seulement en train de jeter ma gourme, de me faire les griffes (Vialar, Tournez,1956, p. 81).
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Loc. adv. ♦ Toutes griffes dehors. En se montrant agressif. J'appréhendais cet instant, partagée entre l'envie de l'accueillir [Maurice] toutes griffes dehors et celle de m'effondrer sur son veston (H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, p. 143).