A. − [Gants à doigts séparés] L'hiver sera rude, disait-on, le père Grandet a mis ses gants fourrés (Balzac, E. Grandet,1834, p. 17).Ce qu'il avait toujours désiré, aimé d'une femme, c'était le gant, l'empreinte et le moule de la main, la chose qui dessine et suit ses doigts (Goncourt, Journal,1865, p. 167).Charruel feignit d'épousseter ses guêtres à coups de gants (Duhamel, Suzanne,1941, p. 85) :1. Il avait un banc à part à l'église; chaque dimanche, on l'y voyait assis au premier rang des fidèles, avec son ancien costume et ses gants de cérémonie, qui lui montaient presque jusqu'au coude.
Renan, Souv. enf.,1883, p. 27.
SYNT. Gant(s) de peau, de daim, de coton, de fil, de filoselle, de laine; gant(s) à frange, à boutons; gant(s) de Suède; gant(s) de deuil; gants blancs, noirs; gants beurre frais; gants assortis, dépareillés; gant ajusté, étroit, fourré, long, demi-long; gants liturgiques; porter, mettre des gants; enfiler, boutonner, défaire, ôter, enlever, quitter ses gants; saluer du gant; tenir un gant à la main.
− Boîte, coffret à gants. Je l'ai cachée [la fiole] au fond de ma boîte à gants (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 575).
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Gants jaunes. Gants portés notamment sous Louis-Philippe par les hommes distingués, les aristocrates. Il [Gavarni] a masqué ses instincts peuple sous des gants jaunes. Mais il est resté peuple au fond (Goncourt, Journal,1863, p. 1336) :2. Sébastien lisait le Globe; c'est assez vous dire que c'était un jeune homme qui ne badinait pas avec l'amour. Ses opinions philosophiques le poussaient fortement vers cette moralité qui nous met des gants jaunes aux mains et des habits noirs sur le dos, qui jette une légère nuance de froideur sur les fronts, une teinte de pédantisme dans le discours, qui nous rend graves comme des méthodistes, et nous prescrit de n'avoir que des passions avec les femmes...
Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 243.
♦ P. méton. Un gant jaune ou, plus rarement un gants jaunes. Un homme élégant; p. iron. un dandy, un muscadin. Un homme aussi distingué par sa naissance que par ses manières, par sa fortune et par ses équipages, un lion, un élégant, un gant jaune! (Balzac, Député d'Arcis,1847, p. 359).Bouvard le railla, l'appelant joli cavalier, muscadin, gants jaunes (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 172).
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Locutions ♦ Vx. L'amitié passe le gant. L'amitié permet qu'on se salue sans retirer son gant (cf. Ac. 1835, 1878).
♦ Baiser le gant de qqn. [En signe de respect] Cet homme dont j'irais baiser le gant, si je ne lui réservais une lame au cœur, − vous le croyez sans pareil à son époque (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 110).Baiser le gant d'une femme. Baiser la main qui se trouve être gantée. Tous les hommes qu'elle voit lui sont dévoués, et qu'en attendent-ils? La faveur de baiser son gant (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1837, p. 165).Il baise le gant de Marinette; elle rougit comme une petite fille (Renard, Journal,1905, p. 1010).
♦ Laisser tomber un gant. [Le suj. est une femme] Laisser tomber un gant pour attirer l'attention d'un homme. La comtesse (...) en passant laissa tomber un de ses gants devant notre héros (Mérimée, Chron. règne Charles IX,1829, p. 89).
♦ P. plaisant., vx. Elle a perdu ses gants. Elle a perdu sa virginité (cf. Ac. 1835, 1878).
− [P. anal. de forme] BOT. Gant de Notre-Dame, gant Notre-Dame, gant de bergère. Cf. ancolie, digitale, campanule, gantelée.Et partout la pensée avec la campanule, l'œillet de la montagne et le millepertuis, le sceau de Salomon, le gant de Notre-Dame (Pourrat, Gaspard,1930, p. 301).
B. − En partic. 1. [Gants qui ne séparent que le pouce] Synon. moufle.Ganté de gants de laine qui n'ont qu'un pouce (Goncourt, Journal,1875, p. 1042).♦
Gant de crin. Gant de crin avec lequel on se frictionne : 3. ... pour mater l'insomnie et ramener le calme, il fut réduit aux courtes aspersions dans sa baignoire ou dans son tub, aux simples affusions froides, suivies d'énergiques frictions pratiquées, à l'aide du gant de crin, par son domestique.
Huysmans, À rebours,1884, p. 133.
♦ Gants de boxe; gants d'entraînement, de combat; gants de 5, 6, 8 onces. Remettre, reprendre les gants. Se remettre à boxer. S'ils avaient été condamnés à soutenir leurs sauvages doctrines seulement à coups de poing, et même avec des gants de huit onces (Alain, Propos,1921, p. 255).
2. Gant de toilette ou gant. Poche en tissu éponge − ne séparant pas le pouce des autres doigts − que l'on enfile pour se laver. Dans une gamme de rouge et de jaune, draps de bains, serviettes et gants de toilette permettent à chacun de choisir sa série : unie, rayée ou imprimée (Maîtresse de jeune maison,Paris, Hatier,1965, p. 172 bis).