B.− Emploi pronom. réfl., cour. Se désolidariser de qqn, d'avec qqn.Cesser d'être solidaire de, déclarer ne plus être solidaire de. Synon. abandonner, se séparer de, ne plus faire cause commune avec (qqn).Se désolidariser de sa classe (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 14):3. L'objection de conscience serait indigne de lui : il mourra, comme les camarades, parce qu'un homme ne refuse pas de mourir, et ne se désolidarise pas d'avec sa nation et d'avec les autres combattants.
Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 181.
4. Car je méprise celui-là qui, son fils ayant péché, dénigre son fils. Son fils est de lui. Il importe qu'il le semonce et le condamne − se punissant soi-même s'il l'aime − et lui assène ses vérités, mais non qu'il aille s'en plaindre de maison en maison. Car alors, s'il se désolidarise de son fils, il n'est plus un père...
Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 874.
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Se désolidariser de qqc., d'avec qqc. (inanimé abstr.).Synon. désavouer, renier.Jamais les syndicats ne se sont désolidarisés de la politique gouvernementale, dit Henri (Beauvoir, Mandarins,1954p. 384):5. Quant à l'indéterminisme, dont Bergson s'est toujours désolidarisé, comme il s'est toujours désolidarisé du finalisme substantiel, il n'est pas seulement imprudent, mais peut-être machiavélique...
Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 209.
Rem. 1. ,,L'influence de l'antonyme a pu provoquer la combinaison « se désolidariser d'avec » qui n'est pas recommandable`` (Dupré 1972). Cependant on rencontre fréquemment cette constr. chez les aut. mod. 2. N'est attesté ni dans Ac., ni dans Littré, ni dans DG. 3. On rencontre ds la docum. le subst. fém. désolidarisation. Action de se désolidariser; l'état qui en résulte. Je ne me désolidarise pas de mon passé. Sans doute, à la longue, je puis tenter cette désolidarisation, je puis déclarer que « je ne suis plus ce que j'étais », arguer d'un changement, d'un progrès (Sartre, Être et Néant, 1943, p. 158). Il [Baudelaire] s'efforce de vivre son déclassement comme s'il avait un autre sens : celui d'une désolidarisation volontaire (Id., Baudelaire, 1947, p. 179).