DÉCORATEUR, TRICE, subst.
A.− Personne qui décore, exécute des décors*, des décorations*. 1. Personne dont la profession est d'aménager, de décorer* un édifice, un appartement. Décorateur ensemblier, décorateur d'appartements : 1. Toutes les inventions trouvées par le luxe avant la révolution de 1830 faisaient de cette maison le type du bon goût. Grindot l'architecte y avait vu le chef-d'œuvre de son talent de décorateur. L'escalier refait en marbre, les stucs, les étoffes, les dorures sobrement appliquées, les moindres détails comme les grands effets surpassaient tout ce que le siècle de Louis XV a laissé dans ce genre à Paris.
Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1844, p. 229.
− [En appos. avec valeur d'adj.] Antiquaire, architecte, artiste, tapissier décorateur.
2. En partic. Personne dont la profession est de faire des décors (cf. ce mot A 2) sur certains objets. Décorateur en broderies, en cartes postales; décorateur sur métaux, sur tissus, sur verre. Des décorateurs de morceaux de bois baroques comme Gamboun (Goncourt, Journal,1894, p. 700).−
[Emploi adj. par appos.] :
2. ... un peintre décorateur de vieille souche, habile à pratiquer les mélanges de couleurs, les dégradés, les fondus. Jadis, quand le commerce de détail favorisait l'art plus qu'aujourd'hui, il a peint des stores de charcuterie et des plafonds, en y encadrant des scènes de chasse (...). Il a orné également de personnages et paysages les panneaux, trumeaux et dessus de portes...
Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 137.
3. Spéc., SPECTACLES. Personne dont la profession est d'exécuter ou de diriger l'exécution des décors (cf. ce mot A 3) pour un spectacle. Décorateur de cinéma, de théâtre. Le machiniste, le décorateur et le poëte sont sous le théâtre et derrière la toile : ce sont eux qui ont préparé toute la scène (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 241).
B.− P. anal. [À propos de la nature ou de choses naturelles plus ou moins personnifiées] [Le] soleil, le tout-puissant décorateur, qui de ses rayons cuirait les émaux, les pierreries que nous admirons sur leurs ailes (Michelet, Insecte,1857, p. 83):3. La nature est donc supérieure à l'art dans cette région inférieure qui est le coloris (...). Il n'y a sans doute de grands peintres que parmi les hommes, mais la nature est restée le décorateur par excellence.
Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 25.
C.− P. métaph. Personne qui décore, embellit avec des moyens autres que mobiliers et picturaux : 4. ... il [Bernardin] devait se contenter d'être le décorateur de l'univers sans aspirer à en être l'architecte. Il devait se borner à faire la décoration de l'univers, sans vouloir en rebâtir l'édifice.
Chênedollé, Journal,1833, p. 179.
Prononc. et Orth. : [dekɔ
ʀatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1572 « celui qui honore, qui célèbre » (Amyot, Du bannissement et de l'exil, 13 ds Hug.), emploi isolé; 2. a) av. 1634 théâtre « celui qui exécute les décors pour un spectacle » (Gaultier-Garguille, Appendice de chans. ds Gdf. Compl.); b) 1812 « celui qui fait des travaux de décoration d'intérieur » (Boiste). Dér. de décorer*; suff. -(at)eur2*. Fréq. abs. littér. : 97.