A.− Ce qui apporte en tout domaine (physique, moral, politique, social, scientifique) une correction, une rectification. − Domaine physique.Aucun correctif ne modifiait l'aspect négligé de ce petit homme rude, qui l'avait tant choquée dans sa jeunesse (Chardonne, Chant Bienh.,1927, p. 28).
− Domaine
mor. ou
spirituel :
4. L'épaisseur déformante des préjugés prétentieux empêche un homme de voir clair. Rien ne se place entre l'œil de l'enfant et ce qu'il regarde. Mais à l'enfant comme au nègre il manque des correctifs.
Cocteau, Poésie critique 2,Monologues, 1960, p. 25.
− Domaine pol.La responsabilité des ministres (...) était (...) un correctif à bien des fautes (Jaurès, Paix menacée,1914, p. 253).
−
Emploi abs. au subst. masc. Sens de la restriction : 5. Nul, mieux que saint François de Sales, (...) n'eut, avec une qualité suprême, l'assemblage, le tempérament, le correctif et l'extensif, enfin, pour parler avec Pascal, l'entre-deux.
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 259.
B.− Ce qui atténue par compensation, la dureté, la sévérité, l'amertume de quelque chose : 6. ... il eût mieux valu lui substituer [au mot « rêverie »] en ce temps celui de détermination, avec un correctif toutefois qui l'adoucisse...
Arnoux, Visite à Mathusalem,1961, p. 29.
− Spéc., PHARM., ALIM. Substance ajoutée à un médicament, à une autre substance pour en modifier le mode d'action ou la saveur. Le sucre est le correctif du citron (Ac.1798-1932).
−
RHÉT. Adoucissement employé dans le discours pour faire passer quelque expression, quelque proposition trop forte ou trop hardie. P. ex. : s'il m'est permis d'user de ce mot : 7. Cette habitude insensible des comparaisons, des combinaisons conciliantes (...) leur a manqué [à de jeunes Normaliens], les nuances, les correctifs ne sont pas entrés dans leur première manière : ils sont tranchés et crus.
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 8, 1863-69, p. 79.
C.− Ce qui constitue la contrepartie ou l'antidote de quelque chose : 8. ... le correctif de l'amertume, c'est l'ironie, dont il serait bien dommage de lui dénier les moyens de s'exercer.
R. de Montesquiou, Mémoires,t. 2, 1921, p. 290.