1. Dont les éléments, les détails, sont disposés sans ordre ou dans un ordre tel qu'il est difficile de les distinguer. Un amas confus; une masse, une foule confuse : 1. M. Monet est certainement l'homme qui a le plus contribué à persuader le public que le mot « impressionnisme » désignait exclusivement une peinture demeurée à l'état de confus rudiment, de vague ébauche.
Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 292.
2. Une époque n'est confuse que pour un esprit confus. La nôtre passe, à cause même de sa richesse, pour un casse-tête. Les uns y pataugent, d'autres s'en écartent en se réfugiant dans le passé...
Cocteau, Poésie critique,1, 1959, p. 73.
SYNT. Un assemblage confus; une agitation, une bousculade, une époque, une forme, l'immensité, une image, une ligne, une lueur, une situation, une végétation confuse; des odeurs, des ombres, des silhouettes, des teintes confuses.
Rem. [Souvent en parlant de sons] Un bruit, un bourdonnement, un chuchotement, un murmure confus; une clameur, une rumeur, une voix confuse; des plaintes confuses :
3. Mon plaisir s'accrut encore quand je commençai à distinguer derrière ce rideau baissé des bruits confus comme on en entend sous la coquille d'un œuf quand le poussin va sortir.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 447.
− DR. [En parlant de biens] Synon. de confondu, réuni en un même tout(cf. Foulq.-St-Jean 1962).
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En partic. [En parlant d'entités abstr. ou de leur expression] Dont l'objet ou le sens n'apparaissent pas ou apparaissent mal. Comparez-le [T. Gautier] à Victor Hugo, dont l'œuvre, touffue et confuse, a des sauts et des duretés de forme (Zola, Doc. littér.,T. Gautier, 1881, p. 121):4. Charles marchait comme un homme ivre. Ses jambes allaient devant lui et l'emportaient. Une volonté confuse, impersonnelle et mécanique, le poussait. Rien de lui n'agissait plus en lui. Il ne se rappelait plus, il ne pensait pas. Il sentait seulement sa tête vide, et quelque chose comme le courant qui roule un noyé : c'était tout.
E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 341.
SYNT. Un désir, un pressentiment confus; une angoisse, une aspiration, une connaissance, une crainte, une émotion, une espérance, une idée, une idéologie, une intuition, une (des) impression(s) confuse(s); des raisons confuses. Un (des) rêve(s) confus; des souvenirs confus; des réminiscences confuses. Un bavardage, un langage, un style, un texte, un verbalisme confus; une discussion, une explication, une histoire, une lettre, une prière confuse; des discours confus; des évocations, des paroles confuses.
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P. ext., rare. Vague, incertain, parfois jusqu'à induire en erreur. Des faits confus; des dates confuses. Il y a des sincérités si confuses qu'elles sont pires que des mensonges (Camus, Actuelles I,1944-48, p. 155):5. À certaines phrases couvertes qu'il jetait avec intention peut-être, je crus saisir qu'il avait vent confus de quelque chose qui se tramait dans l'air alentour...
Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 241.
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Littér. et mélioratif. La louange détend l'être, et lui rend toutes choses suavement confuses (Valéry, Variété III,1936, p. 73):6. L'air est tiède et par ma fenêtre ouverte la lune entre et j'écoute le silence immense des cieux. Ô confuse adoration de la création tout entière où fond mon cœur dans une extase sans paroles.
Gide, La Symphonie pastorale,1919, p. 924.
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Emploi adv. : 7. Si, au lieu d'écouter, vous regardez jouer du piano, vous constaterez que le relèvement des doigts se fait souvent d'une façon paresseuse et nonchalante. Certaines touches restent enfoncées qui devraient depuis longtemps être à leur place et les étouffoirs ne s'abaissant pas, trop de cordes vibrent ensemble, le jeu sonne confus...
P. Roës, Essai sur la technique du piano,trad. par R. Clouzot, 1935, p. 49.
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Emploi subst. Ce qui est confus : 8. ... il n'est point juste de dire que l'expression d'un grand musicien soit « illimitée » (...) il n'est d'illimité en art que le flou, le vague, le confus. Rien de plus précis, de plus arrêté, que le dessin d'un maître comme Beethoven.
R. Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 121.
9. Supposez que notre langue ne nous permette, à nous Français, de n'accepter de nous que des expressions finies, nettement articulées, de ne souffrir que des constructions dont on voit la charpente, notre métaphysique en sera tout influencée. Le passage du confus au net... sera plus laborieux chez nous.
Valéry, Regards sur le monde actuel,1931, p. 190.