1. Être humain de petite taille, de constitution chétive, voire monstrueuse. C'est un avorton, un petit avorton; ce n'est qu'un avorton (Ac. 1798-1932) : 4. Hein? Qui le croirait? Un avorton pareil, un bout d'homme qu'on mettrait dans sa poche, ça finirait par venir à bout d'une grosse femme comme moi, si on le laissait faire, avec ses dents de rat!
Zola, La Bête humaine,1890, p. 159.
Rem. S'emploie au masc. même en parlant d'une femme (cf. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 271); aucune attest. d'un fém. avortonne noté (vx) uniquement ds Besch. 1845.
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[En parlant d'un animal] :
5. ... elle [Margot] pencha sa pâle figure aux joues romaines, (...) sur un panier où remue un petit avorton jaune, un minuscule chien en chemise de flanelle qui lève vers elle un front bossué de bonze, ...
Colette, La Vagabonde,1910, p. 178.
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[Empl. comme terme d'injure] :
6. Plus souvent encore, il criait, avec un terrible accent faubourien, ces mots peu compréhensibles au profane : « Enfant dédèche... Êtes-vous prêt, enfant dédèche... » Il ajoutait tout aussitôt des injures mystérieuses : « avorton... dégénéré... phénomène... sous-produit... »
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 89.
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Vocab. relig. [P. allus. à la 1reÉpitre aux Corinthiens XV, 8 : ... et après tous il (Jésus ressuscité) a été vu de moi comme de l'avorton] Être de peu de valeur : 7. On admit (...) que celui qui avait été rejeté du sein de l'Église comme un avorton pouvait en quelque sorte y rentrer, être conçu une seconde fois...
Renan, Hist. des orig. du Christianisme,Marc-Aurèle et la fin du monde antique, 1881, p. 326.
2. Produit imparfait d'une action qui n'a pas abouti. Avorton de révolution, de vers; avorton littéraire : 8. Si on vivait assez longtemps on ne saurait plus où aller pour se recommencer un bonheur. On en aurait mis partout des avortons de bonheur, à puer dans les coins de la terre et on ne pourrait plus même respirer. Ceux qui sont dans les musées, les vrais avortons, y a des gens que ça rend malades rien que de les voir et prêts à vomir. De nos tentatives aussi à nous si dégueulasses, pour être heureux, c'est à tomber malades tellement qu'elles sont ratées, et bien avant d'en mourir pour de bon.
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 469.