1. RELIG. Angéliques. Nom d'hérétiques des premiers siècles de l'ère chrétienne. Rem. Selon Ac. Compl. 1842 et Guérin 1892, ce nom a été donné à ,,ceux qui croyaient que le monde avait été créé par les anges, ou qui leur rendaient un culte superstitieux``. Selon Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. des hérétiques ont pris ce nom ,,parce que, suivant Épiphane, ils croyaient qu'on ne peut arriver à Dieu que par l'entremise des anges; ou, suivant saint Augustin, parce qu'ils prétendaient vivre aussi purement que les anges`` :
11. Toutes les aberrations des ordres mendiants du moyen âge existèrent en ces temps reculés. Il y eut, dès les premiers siècles (...) des angéliques, des cathares ou purs...
Renan, Hist. des orig. du Christianisme,Marc-Aurèle et la fin du monde, 1881, p. 169.
2. Néol. Un(e) angélique. Personne imprégnée d'angélisme* : 12. Désintéressement, égoïsme, tendre pitié, cruauté, souffrance des contacts, pureté dans la débauche, mélange d'un goût violent pour les plaisirs de la terre et de mépris pour eux, amoralité naïve, ne vous y trompez pas : voilà les signes de ce que nous nommons l'angélisme et que possède tout vrai poète, qu'il écrive, peigne, sculpte ou chante. Peu de personnes l'admettent, car peu de personnes ressentent la poésie. Jusqu'à nouvel ordre, Arthur Rimbaud reste le type de l'ange sur terre. (...) Je ne dresserai pas ici une liste des angéliques. Mais seuls ils comptent pour moi; seuls ils me touchent, et si je reconnais la valeur chez d'autres, ceux-là seuls sont pour moi dignes du nom de poètes.
Cocteau, Poésie critique,t. 1, 1959, pp. 39-40.
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P. iron., fam. Personne qui se donne des airs d'ange : 13. Les infirmières, ces garces, ne le partageaient pas, elles, notre destin, elles ne pensaient par contraste, qu'à vivre longtemps, et plus longtemps encore et à aimer c'était clair, à se promener et à mille et dix mille fois faire et refaire l'amour. Chacune de ces angéliques tenait à son petit plan dans le périnée, comme les forçats, pour plus tard, le petit plan d'amour, quand nous serions, nous, crevés dans une boue quelconque et Dieu sait comment!
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 110.