SALIN, -INE, adj. et subst. masc.
I. − Adjectif A. − [Corresp. à sel I] Qui est formé de sel, qui renferme du sel; qui est spécifique au sel, de la nature du sel. Concrétion, roche saline; eaux, sources salines; solution saline; air, goût salin; indice salin. Un lac salin, dans lequel se formoit un îlot, occupoit l'intérieur de cette grande île (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 233).À la grande paix qui descend, le soir, sur ces prés drus et salins et qui avait conseillé à beaucoup de Parisiens, peintres pour la plupart, d'aller villégiaturer à Douville, s'ajoutait une humidité qui les faisait rentrer de bonne heure dans les petits chalets (Proust, Sodome, 1922, p. 1034).♦ Marais* salin.
B. − [Corresp. à sel II] 1. CHIM. [En parlant d'un corps] Qui a la composition chimique d'un sel (acide + base). Transmuer les métaux les uns dans les autres; produire l'or et l'argent en partant de minerais vulgaires ou de composés métalliques salins (...) voilà ce que l'alchimiste avait en vue (Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 120).[P. méton.] Un autre groupe important de catalyseurs de polymérisation est constitué par des composés à caractères salins (Champetier, Chim. macromol., 1957, p. 45).♦ Oxyde salin. Corps combinant un oxyde et un sel. Oxyde salin de manganèse. Le minium (oxyde salin de plomb) (Civilis. écr., 1939, p. 6-10).
− PHARM. Diurétique, purgatif salin. Diurétique, purgatif dont l'action est due à un sel alcalin ou alcalino-terreux. On administrera (...) par la bouche quelques purgatifs salins (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 123).
2. GÉOLOGIE ♦ Roche sédimentaire saline. Roche provenant de l'évaporation de l'eau de mer et composée essentiellement d'un chlorure (sel gemme, sel de potassium), d'un nitrate ou d'un sulfate (gypse). (Dict. xxes.).
♦ Marbre salin. Marbre à texture grenue homogène. (Dict. xixeet xxes.).
II. − Subst. masc. A. − [Corresp. à sel I] 1. Synon. de marais* salant (du Midi plus spécialement).Les salins d'Hyères. C'est en 1856 qu'eut lieu la formation finale du « salin d'Aigues-Mortes », successeur unique et puissant de la vingtaine de petits salins distincts que l'on dénombrait à Peccais au XVIIIesiècle (A. Colas, Le Sel, Paris, P.U.F., 1985, p. 14).
2. Vieilli. Baquet servant à recevoir le sel vendu au détail. (Dict. xixes.).
B. − [Corresp. à sel II] CHIM. 1. Salin de betterave. Potasse brute extraite, par incinération des mélasses de betteraves fermentées. La première fabrique de « salin de mélasses de betteraves » riche en sels potassiques est construite à Valenciennes en 1838 (Industr. fr. engrais chim., 1954, p. 8).
2. Soude brute provenant de l'évaporation des lessives de cendres végétales (algues, bruyère, vigne, etc.). Le résidu salin qu'on obtient par l'évaporation des lessives des cendres des plantes terrestres est connu dans les arts sous le nom de salin; il ne reçoit celui de potasse que lorsqu'il a été fortement calciné au rouge (J. Girardin, Leçons de Chim. élém., Paris, Masson, t. 2, 1875, p. 114).
Prononc. et Orth.: [salε
̃], fém. [-in]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. av. 1590 [éd. de 1628] « qui est propre au sel » (Paré,
Œuvres, XX, 13, éd. J. F. Malgaigne, t. 3, p. 195); 2. [O. de Serres « qui contient des parties de sel » (d'apr. FEW t. 11, p. 77b)]; 1690 « id. » (Fur.). B. Subst. masc. 1. 1765 « alcali fixe employé à produire la fusion des sables dans les verreries » (Encyclop. t. 17, p. 128b); 2. 1835 « marais salant » (Ac.). Dér. du lat. sal, salis, v. sel; suff. -in*, -ine. Fréq. abs. littér.: 58. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 81.