1. Bienfait, faveur. Chaque jour est un don de Dieu. La beauté est-elle un piège? Je ne puis le croire. Qui oserait dire qu'elle n'est pas un don de Dieu? (Green, Journal,1950-54, p. 178):8. Mais, quelques mois après, dans un riche équipage,
Entouré de valets, d'esclaves, de flatteurs,
Comblé de dons et de faveurs,
Il vient de sa fortune au vieillard faire hommage : ...
Florian, Fables,Le Renard déguisé, 1792, p. 127.
♦ Don gratuit. Don totalement désintéressé. Ce que tu auras de vie est un don gratuit; mille qui valaient mieux que toi ont été écrasés dès leur naissance (Taine, Notes Paris,1867, p. 265).
− Littér. Les dons de la terre; les dons de Bacchus, de Cérès, de Flore, de Pomone. Les dons de la Fortune. Les richesses.
2. En partic. Qualité ou faveur extraordinaire, avantage venant de Dieu ou de la nature. La foi est un don de Dieu (Ac.). La continence est un don (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 42).Vous avez ce grand don de l'écrivain : rendre le lecteur pensif (Hugo, Corresp.,1870, p. 261).La sincérité est un don rare dans l'art (Rolland, Beeth.,t. 2, 1937, p. 381):9. L'esprit [selon Helvétius] doit être considéré non comme un don de la nature mais comme un effet de l'éducation.
Cousin, Philos.,1857, p. 174.
10. Je songe aux quatorze belles vierges qui, au porche nord de la cathédrale de Chartres, représentent les quatorze dons sublimes de l'âme et du corps, les quatorze béatitudes qui fleuriront quand le monde aura été jugé et renouvelé, ...
Barrès, Cahiers,t. 14, 1922-23, p. 14.
SYNT. Le don de prophétie, d'ubiquité, de voyance, de seconde vue; le don d'autoscopie des somnambules; le don des langues, des miracles, de la divination; les sept dons du Saint-Esprit.
a) Qualité, disposition innée, inclination naturelle (pour quelque chose). Chez lui, comme chez Bossuet, les dons oratoires éclipsent les autres (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 592).Les financiers, (...) ne sont clairvoyants qu'en finances. C'est un don, une bosse; pour le reste, des idiots (Morand, Lewis,1924, p. 92).Suzanne admirait beaucoup de si grands dons de comédien (Duhamel, Suzanne,1941, p. 225):11. J'ai souvent pensé, monsieur, qu'il y avait en moi, du fait non de mes faibles dons, mais de circonstances que vous apprendrez peut-être un jour, un trésor d'expérience, ...
Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 287.
♦ P. iron. C'est un don. Les Sescourt sont malheureux dans toutes leurs entreprises (FrancePt bonh.,1898, 1, p. 53).
− Avoir le don de + subst. Avoir le don de l'arithmétique, de la musique, des dates, de l'imitation.
b) Faculté, pouvoir. −
Avoir le don de + inf. Mon attitude eut le don de calmer le ministre (Joffre, Mém.,t. 1, 1914, p. 207).Vous avez le don de plaire. Respectez cette vertu qui a été mise en vous (Barrès, Cahiers,t. 14, 1922-23, p. 105):12. Le sujet était du petit nombre des faits historiques qui, dès lors, avaient par exception le don de m'émouvoir beaucoup.
Fromentin, Dominique,1863, p. 56.
En mauvaise part ou p. iron. Deschartres qui avait le don de rendre ennuyeuses des choses plus intéressantes (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 62).Vous avez le don de me porter sur les nerfs (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., 1, p. 59).Nos excellents camarades et amis révolutionnaires ont le don de m'agacer (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1898, p. 308).♦ Le don des larmes. La faculté de pleurer. Je n'ai jamais eu de sensibilité, j'ai toujours ignoré le don des larmes (Lorrain, Phocas,1901, p. 287).
− Spéc. [Dans les contes de fées] Faculté le plus souvent merveilleuse accordée par une fée à un enfant. La fée décida de distribuer ses dons à la fille et au garçon (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 155).