A. − 1. [En parlant d'une pers.] a) [Fréq. dans le tour nég. n'être pas (très) présentable] Qui peut se présenter, que l'on peut présenter en public. Synon. sortable.Si pour un amant je suis un peu... fripé, pour un mari, je suis encore fort présentable (Pailleron, Âge ingrat, 1879, i, 5, p.17).Il réfléchit qu'il était couvert de poussière et qu'un brin de toilette le rendrait plus présentable (Roy, Bonheur occas., 1945, p.350).V.
acceptable ex. 14:
1. ... sa robe trop courte qui laissait voir des bas trop larges et des bottines éculées, une corde à sauter passée comme une ceinture autour de sa taille, tout cela faisait de Jeanne une demoiselle peu présentable.
A. France, Bonnard, 1881, p.410.
− [Avec compl. prép. précisant les circonstances de l'action] Annoncer des échevins et des bourgmestres, passe; mais un chaussetier, c'était dur. Le cardinal était sur les épines. Tout le peuple écoutait et regardait. Voilà deux jours que son Éminence s'évertuait à lécher ces ours flamands pour les rendre un peu plus présentables en public (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.47).Nous avons refusé l'invitation à dîner que Mmede Champfleur nous a adressée, en ce qui te concerne. Tu n'es pas présentable dans le monde (Jammes, Mém., 1921, p.141).J'étais fort étrangement vêtu... pas présentable dans une ville... Les gens ils me fixaient curieusement (Céline, Mort à crédit, 1936, p.678).
b) Qui est agréable à regarder. −Cécile, vous ne mangez pas? −Je préfère boire le matin parce que... −Vous devez prendre trois kilos pour être présentable. Vous avez la joue creuse et on voit vos côtes. Allez donc chercher des tartines (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p.36).
2. [En parlant du corps, de la tenue de qqn] Qui permet à une personne de se présenter en public. Roswein: Madame? Léonora: C'est fini!... Ah! c'est bien. Vous voilà avec un visage présentable. Vous pouvez partir maintenant (Feuillet, Scènes et com., 1854, p.142).Daniel, me dit-il, si tu avais eu des souliers et une jaquette présentable, m'aurais-tu accompagné chez Pierrotte? (A. Daudet, Pt Chose, 1868, p.198):2. La Parisienne, si elle était légère, voire facile, exigeait au moins des hommes qui obtenaient ses faveurs, ou qui simplement la comblaient de cadeaux, pour avoir le droit de bavarder avec elle, qu'ils fussent bien nés, qu'ils eussent une allure présentable et un coeur sans boue.
Fargue, Piéton Paris, 1939, p.181.
B. − [En parlant d'une chose] 1. Qui est digne d'être montré, porté à l'attention de quelqu'un. Monsieur, J'ai l'honneur de vous envoyer mes trois volumes de Contes et Romans philosophiques −ils sont beaucoup plus présentables maintenant comme typographie, et moins incomplets comme ouvrage − (Balzac, Corresp., 1831, p.594).Il est difficile de tirer un son présentable d'un tuyau aussi large [flûte arabe] (Schaeffner, Orig. instrum. mus., 1936, p.254).♦ [Avec compl. prép. désignant le destinataire de l'action] Tant qu'une idée n'est pas pratique, elle n'est pas présentable au monde social (Lamart., Voy. Orient, t.2, 1835, p.332).
− [Dans une échelle de notation] V. passable A 2.[MlleSergent lit les brouillons] et décrète; celui d'Anaïs n'est «pas nul» paraît-il; Luce «a de bonnes idées» (pardi, les miennes) «pas assez développées»; Marie «a fait du délayage, comme toujours»; les Jaubert, compositions «très présentables» (Colette, Cl. école, 1900, p.204).
2. Que l'on peut offrir en cadeau, proposer à la consommation, à la vente. Rodolphe vit des violettes blanches à l'étalage, et par curiosité il entra pour en demander le prix. Un bouquet présentable ne coûtait pas moins de dix francs (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.103).V.
esculence ex. de Brillat-Savarin:
3. [Conserves de fruits] Si le fruit n'est pas assez mûr, il a tendance à se ratatiner et à durcir dans la boîte et il ne gonfle pas normalement au cours de sa préparation. Si, au contraire, il est trop mûr, il risque d'être abîmé au cours de l'opération et la marchandise finie n'est plus présentable.
Brunerie, Industr. alim., 1949, p.99.
3. Qui est conforme à la bienséance. La soif qu'il avait d'arriver à la vérité et l'impossibilité de trouver des termes présentables pour exprimer une idée si offensante le jetaient dans le dernier embarras (Stendhal, L. Leuwen, t.1, 1835, p.317).Comme le meilleur des panégyristes et le plus habile, sans avoir l'air d'y toucher, (...) [Talleyrand] aura montré, de tout, le côté décent, présentable, acceptable (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.12, 1869, p.125).