A. − [P. réf. à la forme et à la disposition de la nappe, à son aspect] 1. Vaste étendue d'eau, de fluide qui se trouve à la surface du sol, sous terre, dans une dépression. Immense nappe; nappe dormante, souterraine; nappe de pétrole; atteindre la nappe (souterraine). La nappe d'eau, gisante à une assez grande profondeur souterraine (Hugo, Misér., t.2, 1862, p.527).Une nappe de brouillard couvre la terre (Barbusse, Feu, 1916, p.70).La surprenante lumière qui montait chaque matin des nappes d'eau claire de la rivière les attirait longuement (Gracq, Argol, 1938, p.139).V.
exhaler ex. 3.
♦ Nappe de gaz. Couche de gaz lourd qui s'étend en surface. Attaque par «nappes de gaz» que firent les Allemands dans la région d'Ypres (Joffre, Mém., t.2, 1931, p.32).
♦ Nappe de feu, de lumière. Aspect que prend une surface enflammée ou éclairée vivement. Hier soir j'ai aperçu de longues rues dallées, sans trottoirs, sous les nappes blanches qu'y jetaient les arcs voltaïques (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.219).Éclairage par nappes (dans un théâtre). Voir Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.114.
− En partic. Liquide répandu (accidentellement) à la surface de l'eau. Nappe d'huile. V. filer ex. 2.
2. Littér. La grande nappe bleue du ciel tout enflammée de soleil (Maupass., Contes et nouv., t.1, Print., 1861, p.384).Des grands carrés de labour, qui alternaient avec les nappes vertes des luzernes et des trèfles (Zola, Terre, 1887, p.10).V.
blé ex. 7:
. Le soleil déclinant traînait sous la ramée une nappe fluide et vermeille. Elle s'épandit plus large, d'une coulée pleine, unie, que Raboliot sentit sur son corps comme un bain.
Genevoix, Raboliot, 1925, p.285.
3. [P. réf. aux plis que fait la nappe en retombant] Matière souple ou fluide qui s'étale et retombe. Du mouvement qu'elle fit, elle se décoiffa; une nappe de cheveux dorés lui roula sur les épaules (Musset, Confess. enf. s., 1836, p.139).Une niche très ornée, dans laquelle une nappe d'eau coulait perpétuellement d'une colline (Zola, Curée, 1872, p.332).− Loc. adv. En nappes. Cheveux noirs disposés en larges nappes (Du Camp, Mém. suic., 1853, p.110).Le sang (...) retombe en nappes le long des murs (Flaub., Tentation, 1874, p.23).
B. − Spécialement 1. GÉOLOGIE a) [En parlant de l'eau] Nappe aquifère. ,,Nappe d'eau souterraine contenue dans les terrains poreux de l'écorce terrestre`` (George 1970). ♦ Nappe libre ou phréatique. Nappe souterraine située à un niveau peu profond et exploitée par des puits. L'eau douce, sous forme de sources, de lacs, de nappe phréatique ou de courant (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p.50).
♦ Nappe captive. ,,Nappe ou partie d'une nappe, sans surface libre, donc soumise en tous points à une pression supérieure à la pression atmosphérique`` (Cast.-Margat. 1977). Anton. nappe libre.
♦ Écoulement en nappe. ,,Écoulement [de l'eau] en largeur, sur une plaine ou un versant, par opposition à l'écoulement linéaire des fleuves dans les vallées`` (Plais.-Caill. 1958). Synon. ruissellement.
b) [En parlant d'une couche de terrain] ♦ Nappe (volcanique). Ancienne lave qui s'étend sur une grande surface. Elles [les laves] ont coulé à l'air libre, soit par déversement, soit par une fente, et alors elles forment des nappes plus ou moins larges (Lapparent, Abr. géol., 1886, p.74).
♦ Nappe de charriage*.
2. GÉOM. Portion illimitée et d'un seul tenant d'une surface courbe. Lorsque la directrice est fermée, ses homothétiques directes forment une première portion ou nappe du cône, pendant que ses homothétiques inverses forment la seconde nappe (Hadamard, Géom. ds espace, 1921, p.121).Hyperboloïde à une nappe, à deux nappes (d'apr. E. Borel, Paradoxes infini, 1946, p.62). Les composantes connexes d'un hyperboloïde sont appelées les nappes de l'hyperboloïde (Bouvier-GeorgeMath.1979).
3. TÉLÉCOMM. Nappe d'antenne, antenne en nappe. ,,Antenne constituée par un réseau plan ou conique de fils concourants ou parallèles`` (Électron. 1963-64). Pour obtenir [à l'émission] un fort rayonnement sur ondes longues, on construit des antennes à grande nappe, très élevées (de plusieurs centaines de mètres) (J. Mercier, Radio-électr., t.1, 1937, p.12).
4. BIOL. [Chez Teilhard de Chardin, p. anal. avec le sens de géol.] ,,Unité pratique de masse évolutive`` (C. Cuénot, Nouv. Lex. Teilhard de Chardin, Paris, éd. du Seuil, 1968, p.131). Synon. partiel biote.Nappe humaine, pensante. De nappe en nappe, par sautes massives, le système nerveux va constamment se développant et se concentrant (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p.156).