1. Imaginer, concevoir. Inventer une excuse, un prétexte. Tout ce qu'une amour pure ou délirante invente De bonheurs, oui, pour toi je les inventerai (Dumas père, Monte-Cristo,1848, I, 3, p. 218).Quand ils auront leur saoul d'argent, ils se mettront peut-être à inventer le bonheur (Bernanos, Enf. humil.,1948, p. 138):5. L'orgueil! ce péché capital inventé par ceux qui ont voulu abâtardir l'homme pour en faire un automate dont ils manieraient les ressorts...
Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 218.
♦ Absol. Le duc fut obligé, pour la première fois de sa vie, de penser et d'inventer. Il eut bientôt trouvé un moyen (Stendhal, Lamiel,1842, p. 150).Dans le meuble, la verrerie, les tissus, le papier peint, on pouvait et même on devait inventer car la clientèle bourgeoise était avide de nouveauté (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 346).
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Emploi pronom. réfl. indir. Je m'inventai des liens passionnés qui ne m'attendaient pas en effet; je m'imaginai une famille et me mis à rêver à des parents que j'avais à peine connus (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 180):6. Stendhal écrit vers 1820. Les jeunes Français de cette époque s'inventèrent des raisonnements et des sentiments si peu analogues aux raisonnements et aux sentiments de leurs pères du xviiiesiècle, qu'une étiquette nouvelle devint nécessaire.
Bourget, Essais psychol.,1883, p. 101.
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Inventer de + inf.Avoir l'idée de. La baronne inventa de faire tapisser l'intérieur de la grotte en bois rustique alors à la mode pour les jardinières (Balzac, A. Savarus,1842, p. 83).♦ P. iron. Est-ce que le père Soupe, ce jour-là (à cent lieues de soupçonner l'arrivée prématurée de son collègue), n'avait pas inventé de se laver les pieds? Et ce dans la cuvette commune? (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 4etabl., 1, p. 123).
♦ Emploi pronom. réfl. indir. Il s'inventa de nouer dans le coin d'un mouchoir blanc la fève qu'il avait gagnée la veille en tirant le gâteau, et d'attacher ce mouchoir aux barreaux de la fenêtre de Jeannette (Sand, F. le Champi,1848, p. 117).
2. En partic. Imaginer et donner comme réel, dans le seul but de tromper, quelque chose qui n'existe pas réellement. Inventer un mensonge. Paul avait proposé la chose comme une personne découverte en flagrant délit prend un air enjoué et invente une bourde quelconque (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 115):7. Sur votre passé, oui, j'aurais bien aimé inventer quelques calomnies sordides. Mais je me suis aperçu qu'on en savait beaucoup plus que moi. En inventant, je risquais de me mettre en contradiction avec des faits matériels connus, et de me discréditer...
Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 173.
♦ Absol. Il [Pierre le fou] inventait à mesure; il avait l'air faux (Sartre, Mur,1939, p. 60).
♦ Emploi pronom. réfl. indir. Il n'avait pas l'air d'un miché. Mais il n'était certainement plus « du milieu » depuis longtemps. (Il avait parfois besoin de s'inventer des biographies complètes, mais rarement.) (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 363).
− Je n'invente rien. Ce que je dis est vrai. (Dict. xxes.).
− Ce sont des choses qui ne s'inventent pas. Cela est sûrement vrai. (Dict. xxes.).